Page 89 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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UN AIR DE RÉVOLTE
A mon retour de Liverpool, j’eus la surprise de trouver des piquets de
grève devant la compagnie d'assurances où je travaillais, toute la France s’était
mise en grève, suite aux évènements de Mai 1968 provoqués par des
manifestations d’étudiants pour s’étendre à toute la France et toutes les
couches de la société française, ce qui contribuait à stimuler mes envies
d'évasion.
Je perdais de vue mes amies, je ne sais ni pourquoi ni comment cela était
arrivé, et finalement je passais mes week-ends sur la côte belge, avec deux amis
de mon quartier. Nous nous rendions à Ostende, dans un endroit très branché à
l'époque, fréquenté par les Wallons, les Flamands, mais également les Français
du Nord, de Reims et même ceux deParis. Il faut dire que l'endroit était très
avant garde, la discothèque où nous dansions toute la nuit nous passait du
Marvin Gaye, Nina Simone, Aretha Franklin, et toute la musique Motown. Je ne
savais pas à l'époque que j’allais croiser par hasard, sur la côte belge, celui que
je rencontrerai à Paris quelques décennies plus tard et qui deviendra mon
époux, en secondes noces.
La pratique de l’auto-stop s'était banalisée et chose incroyable de nos
jours, semblait de bon ton. Il arrivait de me rendre à Rotterdam aux Pays-bas,
avec ma petite sœur pour l'achat d'une simple paire de chaussures, à l'insu de
mes parents bien entendu. Mais bientôt ces envies d'évasion allaient s'amplifier
et je commençais également à m'intéresser aux créations d'un certain jeune et
talentueux couturier, Yves Saint-Laurent.
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