Page 172 - La pratique spirituelle
P. 172

J’essaie aussi, comme le suggère Swami, quand une pensée appa-
            raît de me dire : « Ce n’est pas moi, ces pensées ne sont pas les
            miennes. » Le problème est d’arriver à persévérer !
               C’est ainsi que le contenu mental est négligé, ignoré, ne
            laissant intact que ce qui n’appartient pas au mental.                                          Chapitre 16

            Vous parlez de centrer l’attention vers la Conscience elle-même.                               Distinguer
            Mais comment s’y prendre ?
               La négligence des objets phénoménaux vous amène à l’ex-                      le « contenant permanent »
            trême rebord de votre être. Ensuite, il ne s’agit plus de saisir,
            mais d’être saisi. La totale passivité, l’abandon et l’humilité                 des « contenus changeants »
            sont les maîtres mots. Ils vous indiquent la posture adéquate,
            qui facilite un tel saisissement, sans en être la cause. La juste
            attitude du jardinier n’est pas la cause de la fructification, mais
            elle la facilite.


            Est-ce uniquement par une pensée qu’on peut se retourner vers                Depuis quelque temps, quand je médite, je vois qu’il y a un
            la conscience, en pensant à la conscience en quelque sorte ?                 contenant (la simple présence qui assiste à tout ce qui se passe)
            N’est-ce pas un paradoxe car c’est avec une pensée qu’on peut se             et un contenu (les pensées, le moi, ce que je crois être).
            tourner vers la non-pensée ?                                                    Cette distinction est nécessaire, pour clarifier la confusion
               Dans l’intervalle entre deux pensées, se révèle la conscience             qui existe entre la nature de l’être et son reflet dans l’objet.
            pure, non asservie à l’objet.

                                                                                         À vrai dire, même quand je ne médite pas, je suis conscient de
                                                                                         cela, de ce regard qui voit tout, et de ce moi qui essaie de s’impo-
                                                                                         ser, d’exister.
                                                                                            Ce regard, qui est celui de la conscience, est en effet
                                                                                         toujours présent, contrairement à ce qui est perçu, qui est
                                                                                         constamment changeant.

                                                                                         Plus je suis conscient de cela, plus le contenu s’agite. J’ai l’im-
                                                                                         pression, d’une certaine manière, de créer de façon indirecte
                                                                                         cette agitation. J’aimerais avoir votre ressenti vis-à-vis de cette
                                                                                         impression.



                                                                                                                  173
   167   168   169   170   171   172   173   174   175   176   177