Page 174 - La pratique spirituelle
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Voyez que vous avez tendance à objectiver le regard que inspire une « réponse » compatible avec la fonction pédagogique
vous êtes. Constatez que le regard perçu ne peut être le regard que vous occupez, elle sera accueillie avec soin et gratitude.
qui perçoit. Acceptez votre identité au regard qui perçoit, et Le perçu est le contenu. Ce qui perçoit est le contenant.
accueillez le perçu en vous, sans peur et sans distance. On peut s’en tenir aux notions de contenu et de contenant.
C’est plus simple et direct, et permet de réaliser que vous êtes
Est-ce réellement une « prise de conscience de tout cela », c’est- l’immuable contenant de la totalité du contenu.
à-dire de ce que je suis vraiment et de ce que je suis pas, ou alors
est-ce une illusion de plus ? *
L’illusion est de confondre ce que nous sommes avec le * *
reflet de ce que nous sommes. Parfois, la pensée semble comme « éclairée » par la conscience,
comme lorsqu’on vous écoute, que l’on lit un livre de Jean Klein
C’est cette impression de nourrir cette agitation qui m’empêche ou le Kaivalya Navaneeta. Cela nous est donné comme une
de continuer. Et pourtant, j’ai l’impression que je ne peux rien grâce. Nous sommes dans ces (très rares !) moments dans une
faire contre cela, et que, de toutes façons, je ne peux pas arrêter, sorte de dualité éclairée. Mais il y a toujours identification avec
comme si c’était trop tard, une fois que c’est vu. le corps-mental. Quelle attitude adopter dans ces moments-là
Ce qui perçoit l’agitation est en dehors de l’agitation. À pour ne pas sombrer dans l’illusion ?
l’instant du constat, vous êtes ramené à ce qui constate, tou- En réalité, la pensée est toujours éclairée par la lumière de
jours libre et détaché de ce qui est constaté. la conscience. C’est parce que l’accent est mis sur le contenu,
que le contenant est ignoré. Dès que l’accent se tourne vers le
Et même en ce moment, j’ai l’impression que c’est ce que je crois contenant, il apparaît comme unique réalité. Le contenu n’est
être qui vous écrit, par peur de disparaître. Enfin, je ne sais pas. qu’un mouvement qui se déroule en lui. La dualité n’est qu’une
Je ne sais plus. fiction. Rien ne peut altérer l’unité de ce que vous êtes. Les
Seul ce que vous n’êtes pas, la projection, peut disparaître. formes peuvent être altérées. Le sans-forme ne peut l’être. En
Ce que vous êtes est une permanence, immuable et inchan- vous rappelant votre nature de contenant, que votre corps et
gée, à chaque instant. C’est à partir de la permanence qu’est votre mental tout entier sont contenus dans l’ineffable lumière
vue l’impermanence. L’impermanence est la preuve de la de la conscience, vous ne vous perdez plus dans les méandres
permanence. du mouvant, et restez en unité avec l’immuable.
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À propos des « contenus du mental », il y a en moi beaucoup Je suis à un carrefour de ma vie et chaque itinéraire m’attire.
de questions. Ces questions occupent 95 % de mon temps libre Musicienne comme bibliothécaire, boulangère ou ostéopathe,
et j’en libère beaucoup. Cela forme une tornade. Si cela vous m’installer à Marseille, Dunkerque ou Tombouctou, rien ne
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