Page 231 - La pratique spirituelle
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Le mental semble s’effacer pour quelques secondes, mais semble   Dans le sommeil profond, le corps est relâché, abandonné.
 remplacé par les sensations du corps ?  Il ne subit pas le diktat du mental. Lorsque votre esprit est
 C’est l’habitude de se chercher dans l’objet qui fait que l’at-  recueilli dans son essence incréée, il en est de même. Le corps
 tention reste fixée sur les sensations, oubliant ainsi sa propre   est libre des pressions psychiques liées à la projection et à
 plénitude.  l’identification. Il respire et retrouve sa fluidité oubliée.

 Je ne peux pas dire qu’il y a un grand vide, car au contraire les   Quand on écoute et ressent les sensations du corps, peut-on dire
 sensations du corps semblent s’imposer d’elles-mêmes au regard   que c’est la Présence que l’on ressent ?
 et perçues avec beaucoup plus d’intensité. Est-cela la Présence ?  La présence, c’est la conscience. Étant ce qui perçoit, elle
 Vous êtes présence, à chaque instant. Vous n’avez rien à   ne peut être perçue.
 faire pour l’être. Ignorez l’objet. Restez en identité avec ce
 qui n’est pas objet. Même s’il se maintient une distance entre   Car il me semble ressentir une Présence.
 « vous » et « ce qui n’est pas objet », à un moment donné,   Ce qui expérimente cette présence est au-delà d’elle.
 cette distance disparaît, et vous vous trouvez dans votre   Est-ce encore un objet dans la conscience ?
 nature propre, non objective. Cet instant n’est pas le fruit de la   Oui, toute présence objectivée concerne un état du corps-
 volonté. Cela se produit, sans l’intervention du vouloir. Restez   mental, mais non le support de conscience à partir duquel se
 donc tranquille dans cette perspective, et laissez les choses   fait l’objectivation.
 s’accomplir dans le creuset du silence.

            Donc, pas encore la vraie réalisation ?
 Je reviens sur le « je suis » conseillé par Mooji, qui suggère de   Tant que l’attention est tournée vers l’objet d’attention, elle
 rester avec ce sentiment. Est-ce que le sens ou la sensation « je   ne peut se réapproprier elle-même.
 suis », peut ou doit être ressenti dans le corps physique ?
 Le corps physique n’est qu’une expression de vous-même.   Donc, quelle serait la prochaine étape ?
 Lorsque vous vous référez au fait d’être, vous ne vous référez ni   Négliger la totalité du perçu. Seule la conscience perce-
 à votre corps, ni à votre mental. Cette évidence vous ramène   vante ne peut être négligée, étant ce à partir de quoi se fait la
 à ce qui n’est jamais né. Immergée dans le non-né, vous êtes,   négligence. C’est ainsi que la conscience ignore tout ce qu’elle
 sans qualification aucune. Le corps physique s’aligne à cette   n’est pas, pour réaliser sa toute éternité.
 compréhension. Il la réfléchit, comme un miroir réfléchit un
 rayon de lumière. La lumière qui éclaire n’est pas asservie à ce   Si j’ai bien compris, la présence que je crois ressentir n’est pas la
 qui est éclairé. La conscience qui éclaire n’est pas asservie au   vraie Présence (non objectivable). Mais est-ce quand même une
 corps qu’elle éclaire.  présence ? Ou plutôt un reflet de la Présence avec un grand P ?
               Oui, la présence pure, non objectivable, se reflète dans
 J’aimerais savoir si, lorsque l’on est immergé dans le non-né,   le corps-mental, sous la forme d’un état de réceptivité silen-
 cela engendre une sensation spéciale dans le corps physique.  cieuse. Dans le sommeil profond, cet état n’est pas présent, car



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