Page 230 - La pratique spirituelle
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Le mental semble s’effacer pour quelques secondes, mais semble                  Dans le sommeil profond, le corps est relâché, abandonné.
            remplacé par les sensations du corps ?                                       Il ne subit pas le diktat du mental. Lorsque votre esprit est
               C’est l’habitude de se chercher dans l’objet qui fait que l’at-           recueilli dans son essence incréée, il en est de même. Le corps
            tention reste fixée sur les sensations, oubliant ainsi sa propre             est libre des pressions psychiques liées à la projection et à
            plénitude.                                                                   l’identification. Il respire et retrouve sa fluidité oubliée.

            Je ne peux pas dire qu’il y a un grand vide, car au contraire les            Quand on écoute et ressent les sensations du corps, peut-on dire
            sensations du corps semblent s’imposer d’elles-mêmes au regard               que c’est la Présence que l’on ressent ?
            et perçues avec beaucoup plus d’intensité. Est-cela la Présence ?               La présence, c’est la conscience. Étant ce qui perçoit, elle
               Vous êtes présence, à chaque instant. Vous n’avez rien à                  ne peut être perçue.
            faire pour l’être. Ignorez l’objet. Restez en identité avec ce
            qui n’est pas objet. Même s’il se maintient une distance entre               Car il me semble ressentir une Présence.
            « vous » et « ce qui n’est pas objet », à un moment donné,                      Ce qui expérimente cette présence est au-delà d’elle.
            cette distance disparaît, et vous vous trouvez dans votre                    Est-ce encore un objet dans la conscience ?
            nature propre, non objective. Cet instant n’est pas le fruit de la              Oui, toute présence objectivée concerne un état du corps-
            volonté. Cela se produit, sans l’intervention du vouloir. Restez             mental, mais non le support de conscience à partir duquel se
            donc tranquille dans cette perspective, et laissez les choses                fait l’objectivation.
            s’accomplir dans le creuset du silence.

                                                                                         Donc, pas encore la vraie réalisation ?
            Je reviens sur le « je suis » conseillé par Mooji, qui suggère de               Tant que l’attention est tournée vers l’objet d’attention, elle
            rester avec ce sentiment. Est-ce que le sens ou la sensation « je            ne peut se réapproprier elle-même.
            suis », peut ou doit être ressenti dans le corps physique ?
               Le corps physique n’est qu’une expression de vous-même.                   Donc, quelle serait la prochaine étape ?
            Lorsque vous vous référez au fait d’être, vous ne vous référez ni               Négliger la totalité du perçu. Seule la conscience perce-
            à votre corps, ni à votre mental. Cette évidence vous ramène                 vante ne peut être négligée, étant ce à partir de quoi se fait la
            à ce qui n’est jamais né. Immergée dans le non-né, vous êtes,                négligence. C’est ainsi que la conscience ignore tout ce qu’elle
            sans qualification aucune. Le corps physique s’aligne à cette                n’est pas, pour réaliser sa toute éternité.
            compréhension. Il la réfléchit, comme un miroir réfléchit un
            rayon de lumière. La lumière qui éclaire n’est pas asservie à ce             Si j’ai bien compris, la présence que je crois ressentir n’est pas la
            qui est éclairé. La conscience qui éclaire n’est pas asservie au             vraie Présence (non objectivable). Mais est-ce quand même une
            corps qu’elle éclaire.                                                       présence ? Ou plutôt un reflet de la Présence avec un grand P ?
                                                                                            Oui, la présence pure, non objectivable, se reflète dans
            J’aimerais savoir si, lorsque l’on est immergé dans le non-né,               le corps-mental, sous la forme d’un état de réceptivité silen-
            cela engendre une sensation spéciale dans le corps physique.                 cieuse. Dans le sommeil profond, cet état n’est pas présent, car



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