Page 233 - La pratique spirituelle
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le corps et le mental sont absents. Cela en démontre le carac-
 tère intermittent.

 Je cite Mooji, dans un de ses satsangs, qui s’adresse à une per-
 sonne : « Simplement cette sensation je ou je suis. Même si tu   Chapitre 20
 peux seulement faire cela, te maintenir dans cette intuition, ce
 sentiment d’être je suis, demeure dans cette présence, sans asso-  Le laisser être, le non-vouloir,
 ciation. En peu de temps, tu constateras une présence extraor-
 dinaire. Ressens-la cette présence. Et déjà, tu ressentiras que la   la non-saisie, le non-choix
 sensation de présence est là. » Il parle de ressentir la présence.
 Or récemment, vous avez dit : « Le témoin est ce qui ressent. Ce
 qui connaît le ressenti ne peut être ressenti. L’œil peut tout voir
 sauf lui-même ». Donc, de quelle présence parle-t-il, puisqu’on
 ne peut pas ressentir la présence ?
 Dans un but pédagogique, face au mental perdu dans la
 futilité et la dispersion, il est compréhensible d’inviter l’esprit   Je me suis rendu compte que, plus je regardais les pensées, plus je
 à se recueillir, à devenir attentif et présent, avant de s’expéri-  les nourrissais. J’ai alors posé le regard en arrière, je ne sais pas
 menter en tant que présence pure. Habiter la présence, c’est   exactement vers où. Le mental a déjà essayé de le saisir et de le
 être un. Dans cette unité, il n’y a pas de témoin. La présence   localiser sans succès. Quand il y a des pensées, le regard disparaît
 est son propre témoin. Lorsque cette perspective se dévoile,   ou bien est caché par cette pensée. La pensée m’amène au niveau du
 le corps et le mental s’ordonnent. Il n’est pas exclu qu’il y ait   front et, quand elle repart, elle me ramène au regard. Et parfois,
 des projections ou mémoires résiduelles qui se manifestent.   quand je suis simplement regard, des zones de tension s’éveillent
 Mais elles sont impuissantes à couvrir le son inimitable de la   au niveau du front, au niveau des hémisphères droit et gauche.
 conscience silencieuse. C’est ce dernier qui vous rappelle indé-  Le regard est le sujet. Il ne peut jamais être objectivé. Il
 fectiblement à votre nature d’être, sans support, sans objet et   est le témoin de tout objet. Vous êtes cela, à chaque instant.
 sans projection. Tant que ce rappel est nécessaire, il se fait.   Maintenez un regard complètement relâché, sans tension et
 Lorsqu’il n’est plus nécessaire, il disparaît.  sans préhension. Laissez les objets – la pensée est un objet
            – s’inscrire librement dans ce support, naître et mourir en
            lui. Les tensions sont aussi objets. Laissez-les libres d’être ce
            qu’elles sont, sans même les nommer tensions. Les sensations
            se meuvent alors librement, sans contrainte et sans pression.
            Les énergies qui les composent se positionnent à chaque ins-
            tant comme elles doivent se positionner. Il y a intelligence,
            dans votre absence.




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