Page 270 - La pratique spirituelle
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Le calme mental la favorise-t-elle ? Vous aurez alors l’expérience directe de la réponse à votre
L’espace entre les gouttes de pluie est plus perceptible dans question.
la bruine que dans l’orage.
*
Faut-il se concentrer sur les pensées pour percevoir cet espace ou * *
demeurer dans une attention ouverte qui accueille tout ce qui La méditation est-elle un moment de recueillement ?
se présente ? Oui, un recueillement dans lequel l’attention est absorbée
Maintenez une attention passive, non manipulatrice. dans ce qui précède la pensée.
Lorsque les pensées sont absentes, cela se sait, sans qu’il y ait
intellectualisation. La présence objective l’absence. Parce que, à chaque instant, il faut être attentif à soi, n’est-ce
pas ?
Si j’ai bien compris, il ne faut pas méditer avec l’intention de Attentif à l’objet d’attention, puis attentif à ce qui est
percevoir l’espace entre les pensées. Cela se présente ou pas. attentif.
La méditation est attention, sans tension et sans intention.
Lorsqu’il n’y a pas de pensée, il n’y a que présence, sans objet. Quel genre d’écoute est-ce ?
Ce n’est que la mémoire de la pensée qui fait croire en la réa- Une écoute globale, inclusive, libre du jugement et de
lité d’une absence de pensée. Sans cette mémoire, il n’y a que l’interprétation.
présence. Le vide révèle le plein.
Ne subsiste-t-il pas une certaine dualité dans la méditation ?
Quand vous parlez de conscience sans objet, qu’entendez-vous Puisqu’elle est vécue comme un espace de conscience immuable
par là ? Qu’il n’y a plus de relation sujet-objet ? où apparaissent et disparaissent des objets éphémères... Même si
Oui, pas de sujet, ni d’objet. La conscience seule demeure, ces objets n’existent que parce qu’il sont perçus par la conscience
dans son unicité. et que l’acte de perception ne fait qu’un... Ne subsiste-t-il pas,
même dans ce cas, un observateur et un objet observé ?
Car les perceptions demeurent toujours, elles apparaissent et La méditation se doit d’être accompagnée d’une investi-
disparaissent dans la conscience, mais ne sont plus perçues par gation qui ramène le témoin au témoin ultime, cela qui voit
« quelqu’un », n’est-ce pas ? sans pouvoir être vu. Toute perception, aussi subtile soit-elle,
Votre vécu n’est plus remis en cause par la perception qui doit être alors reconnue en tant qu’objet, permettant ainsi
s’y surimpose. de séparer le Soi, en tant que tel, de tout ce qu’il n’est pas,
bien que la manifestation tout entière ne soit qu’une expres-
La perception n’est-elle pas vécue comme une manifestation de sion de lui-même. L’essence est présente, avant que ne naisse
la conscience ? la manifestation.
Accueillez en vous la perception, en la laissant complète-
ment se dévoiler dans le silence de l’écoute, et s’y résorber.
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