Page 269 - La pratique spirituelle
P. 269
attention dépouillée d’objet, présence sans autre support et emplit tout l’espace, au point que rien n’existe en dehors de
référence qu’elle-même. lui, la méditation est plénitude, libre de tout objet. L’acte de
* méditer est un mouvement égotique. Il part du concept du
* * moi pour tendre vers le concept du Soi. Ce mouvement se
On parle parfois de deux grandes familles concernant les pra- déroule dans la plénitude silencieuse de la méditation. Il naît
tiques de méditation : la méditation avec objet et la médita- d’elle et s’éteint en elle. À ce titre, il peut être utilisé comme
tion sans objet. La première correspond à une concentration de un doigt pointé vers l’ultime, tout comme l’enfant que l’on
l’esprit sur un support, comme le souffle. La deuxième est une suit et qui vous mène tout droit à sa mère. Il doit cependant
ouverture à ce qui est et apparaît à la conscience. Peut-il y avoir s’effacer pour révéler ce vers quoi il pointe, sans quoi c’est le
une pratique de méditation qui soit sans objet ? doigt qui est pris pour le but.
Oui, si la méditation se tourne vers cela ou celui qui *
médite. La méditation se fond ainsi avec elle-même, dissol- * *
vant toute séparation entre le sujet et l’objet.
Est-ce que la méditation est la vie ?
La méditation s’enracine dans l’essence de la vie. C’est cette
L’attention au souffle ou aux sensations n’implique-t-elle pas
une tension ? dernière qui suscite l’invitation de revenir à elle, par le biais
La tension vient du fait qu’il y a une extraversion de vous- d’un retournement de l’attention.
même, en tant que conscience, qui vous projetez dans l’objet. La méditation n’est pas un moyen pour arriver quelque part,
Si l’objet est complètement accueilli en vous, cette division se mais la méditation est-elle le but ?
résorbe. L’apparition de l’objet ne remet plus alors en cause Tout dépend ce qu’on entend par le mot méditation. Dans
l’unité d’être.
le langage courant, elle est une méthode, une technique, qui
implique donc un but. Dans la perspective non duelle, elle est,
La méditation sans objet désignerait alors la conscience plutôt
qu’une pratique. en effet, elle-même le but. Être méditation, n’est pas méditer.
Oui, il s’agit bien alors d’une unité à la conscience pure, Méditer est action. Être méditation est réalisation.
vers laquelle tendent les pratiques méditatives. La pratique *
implique une division. Cette division meurt, lorsque celui qui * *
pratique et l’objet de la pratique sont un.
La longueur et la fréquence des méditations ont-elles une inci-
dence sur la perception de l’espace entre les pensées ?
Quel est, selon vous, le rôle de la méditation, sinon d’identifier
le méditant, le priant en nous ? Une fois fait, qu’en reste-t-il ? La familiarisation avec la non-pensée n’est pas toujours
La méditation est pure écoute. Elle est libre à la fois de immédiate.
l’écoutant et de l’écouté. Tout comme un soleil de midi qui
268 269