Page 86 - La pratique spirituelle
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que le révélateur de cette croyance ? Quand on voit la fascina-
tion qu’exerce ce mental, quid de l’accompagnant de quelqu’un
dépendant d’une telle pensée, qui lui procure quelque chose
de recherché, quitte à être de nouveau insatisfait ? C’est, me
semble-t-il, Osho qui dit que le mental est un escroc, car il ne Chapitre 9
livre jamais la marchandise... C’est à l’intelligence de la vie,
dites-vous, de trouver la solution. La multiplicité des désirs
Le dépassionnement est une pratique spirituelle recom-
mandée dans certaines traditions non duelles de l’Inde. On nous guide vers l’unique désir,
peut le comprendre comme une remise en cause de la réalité
de l’objet. L’objet de fascination est tout d’abord expérimenté le désir d’être
par rapport à ce qu’il éveille dans la sensorialité, le désir qu’il
stimule. L’objet lui-même est négligé. Le mouvement d’énergie
dans le corps physique et subtil est contemplé. Il est accueilli
tel qu’il est. Au bout d’un moment d’écoute passive, non voli-
tionnelle, les énergies se repositionnent d’elles-mêmes. Une
harmonisation se met en place. Il y a conscience de la senso- « Tous les êtres cherchent la même chose. Certains le
rialité. Et ce qui est conscient de la sensorialité est en amont savent. D’autres ne le savent pas. »
d’elle. L’attention se tourne alors vers ce qui est conscient.
Ce dont la conscience est consciente est ignoré. Ne reste que *
conscience pure, sans référence à l’objet. L’objet est inexistant. * *
Il n’est qu’une apparition transitoire dans la conscience, un Presque tous les enseignements parlent de se libérer du désir
mouvement qui se produit en elle. Une telle démarche n’a, et de la peur. Quand bien même il resterait l’essentiel, la
bien sûr, de sens que si une motivation réelle est présente, une Conscience, pourquoi se priver de ce qui est bon dans le monde
aspiration à la libération de l’emprise des sens et des pensées. dit « relatif », manifesté ? Mon but étant de m’abandonner au
L’accompagnateur ne peut rien pour l’accompagné, hormis monde dit manifesté car je considère que la vie « mondaine » ou
vivre lui-même dans la paix et le détachement. quotidienne a une valeur en soi.
Le seul outil dont nous disposons dans la connaissance
de soi est celui de l’observation. Concernant le désir, nous
pouvons constater que nous avons de nombreux désirs, mais
qu’en réalité nous ne savons pas ce que nous désirons vrai-
ment. L’observation du désir et de son objet permet de mettre
de l’ordre dans la multitude apparente des objets désirés.
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