Page 87 - La pratique spirituelle
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que le révélateur de cette croyance ? Quand on voit la fascina-
 tion qu’exerce ce mental, quid de l’accompagnant de quelqu’un
 dépendant d’une telle pensée, qui lui procure quelque chose
 de recherché, quitte à être de nouveau insatisfait ? C’est, me
 semble-t-il, Osho qui dit que le mental est un escroc, car il ne   Chapitre 9
 livre jamais la marchandise... C’est à l’intelligence de la vie,
 dites-vous, de trouver la solution.  La multiplicité des désirs
 Le dépassionnement est une pratique spirituelle recom-
 mandée dans certaines traditions non duelles de l’Inde. On   nous guide vers l’unique désir,
 peut le comprendre comme une remise en cause de la réalité
 de l’objet. L’objet de fascination est tout d’abord expérimenté   le désir d’être
 par rapport à ce qu’il éveille dans la sensorialité, le désir qu’il
 stimule. L’objet lui-même est négligé. Le mouvement d’énergie
 dans le corps physique et subtil est contemplé. Il est accueilli
 tel qu’il est. Au bout d’un moment d’écoute passive, non voli-
 tionnelle, les énergies se repositionnent d’elles-mêmes. Une
 harmonisation se met en place. Il y a conscience de la senso-  « Tous les êtres cherchent la même chose. Certains le
 rialité. Et ce qui est conscient de la sensorialité est en amont   savent. D’autres ne le savent pas. »
 d’elle. L’attention se tourne alors vers ce qui est conscient.
 Ce dont la conscience est consciente est ignoré. Ne reste que   *
 conscience pure, sans référence à l’objet. L’objet est inexistant.   *  *
 Il n’est qu’une apparition transitoire dans la conscience, un   Presque tous les enseignements parlent de se libérer du désir
 mouvement qui se produit en elle. Une telle démarche n’a,   et de la peur. Quand bien même il resterait l’essentiel, la
 bien sûr, de sens que si une motivation réelle est présente, une   Conscience, pourquoi se priver de ce qui est bon dans le monde
 aspiration à la libération de l’emprise des sens et des pensées.   dit « relatif », manifesté ? Mon but étant de m’abandonner au
 L’accompagnateur ne peut rien pour l’accompagné, hormis   monde dit manifesté car je considère que la vie « mondaine » ou
 vivre lui-même dans la paix et le détachement.  quotidienne a une valeur en soi.
               Le seul outil dont nous disposons dans la connaissance
            de soi est celui de l’observation. Concernant le désir, nous
            pouvons constater que nous avons de nombreux désirs, mais
            qu’en réalité nous ne savons pas ce que nous désirons vrai-
            ment. L’observation du désir et de son objet permet de mettre
            de l’ordre dans la multitude apparente des objets désirés.




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