Page 90 - La pratique spirituelle
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Pourquoi désirer ce que je suis si je le suis ? Lorsque le mets cuit dans son récipient, vient un moment
Le désir d’être est présent tant que l’être, conscience pure, où l’on peut éteindre le feu et la cuisson s’achève d’elle-même.
n’est pas habité pleinement. Il perdure tant que persiste une La phase préparatrice, qui correspond à la cuisson active,
distance entre le moi et le Je. consiste en la reconnaissance du faux, c’est-à-dire de la pro-
jection mentale et de son contenu. La seconde phase, passive,
Me suis-je trompé en désirant plus que tout ce trésor que je suis consiste à l’intégration de la compréhension dans le creuset du
déjà ? silence, jusqu’à parfaite dilution, dans laquelle le moi et le Soi
C’est une saine intensité. Elle est nécessaire à la réalisation. réalisent leur indéfectible unité.
J’ai foi dans le fait d’être la plénitude silencieuse, mais je n’en S’il n’y avait qu’un objet à explorer à fond, lequel choisir ? Le
fais pas l’expérience directe parce que je me dis que c’est quelque regard lui-même ? Pourquoi méditer vingt ans ? La paix, c’est
chose que je dois trouver. seulement ici et maintenant, non ?
Il s’agit d’un « être trouvé », et non d’un « trouvé ». Le désir de réalisation vient de ce qui est déjà réalisé. Il
vous amène directement à ce que vous êtes. Explorez l’objet
La reconnaissance du caractère erroné des fausses identifications véritable du désir. Vous verrez qu’il est vous-même, dans son
(pensées, émotions, etc.) est en soi l’expression de la plénitude. absolue nudité. Le désir s’éteint alors dans le non-désir, qui
Cette reconnaissance est importante mais, dans tous les cas, je en est la source. Le désir de paix vient de la paix elle-même.
suis la plénitude silencieuse. Savoir que tout ce qui est surimposé Tant qu’elle est cherchée au-dehors, elle n’est pas trouvée.
à la perception est faux (pensées, interprétations, jugements, Lorsqu’elle est cherchée au-dedans, elle vous trouve. Le cher-
etc.), suffit certainement à me ramener à moi-même. Est-ce là cheur est le cherché.
le but ?
Oui, d’être un avec ce que vous êtes, sans distance et sans
séparation.
*
* *
Le non-vouloir est la fin naturelle de tout mouvement, puisque
désirant et désiré sont mêmes.
Oui.
Comment ce non-vouloir peut-il être intégré à tout jamais ? Oui,
ceci est encore un vouloir, mais n’est-ce pas cette volonté qui se
cherche afin d’être repue d’elle-même ? Alors quoi, désirer ardem-
ment et laisser brûler à ce feu tout le mental ? Ou bien disquali-
fier le désir et laisser s’éteindre la passion du mental ?
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