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CLUB DES HASCHISCHINS



                 Club des Haschischins

                 Un médecin aliéniste (on dit aujourd'hui psychiatre), Jacques-Joseph
                 Moreau (de Tours), a contribué, à certains égards, à la diffusion
                 du cannabis en France. Il l'a découvert lors d'un voyage en Syrie
                 (1830) et en a ramené à Paris (où il officiait) pour étudier ses effets
                 dans certaines affections mentales. Il créa, en 1843, avec le peintre
                 Boissard, le  club des haschischins, sur l'île Saint-Louis, en l'hôtel
                 Pimodan. S'y retrouvaient, des artistes et intellectuels : T. Gautier,
                 A. Dumas, H. de Balzac, G. Flaubert, G. de Nerval, C. Baudelaire,
                 H. Daumier, E. Delacroix…, pour des soirées baptisées « fantasias »,
                 où ils consommaient « la confiture verte » (le « dawamesk*) et ainsi
                 pour « halluciner », en quête d'expériences intérieures.
                 J.-J. Moreau en fit un lieu d'observation de la folie artificielle. Il
                 l'a lui-même vécue de l'intérieur et l'a observée chez ses amis qui
                 lui relataient ce qu'ils ressentaient. Il l'analysa par ailleurs chez ses
                 patients. Ses observations sont consignées dans un volumineux
                 ouvrage « Du haschisch, des rêves et de l'aliénation mentale » publié
                 en 1845. Baudelaire, bientôt convaincu de la toxicité de la substance,
                 n'assista plus aux fantasias qu'en spectateur, il déclara dans Les
                 Paradis artificiels (1860) : « C'est la punition de la prodigalité impie
                 avec laquelle vous avez dépensé le fluide nerveux. Vous avez disséminé
                 votre personnalité aux quatre vents du ciel, et, maintenant, quelle peine
                 n'éprouvez-vous pas à la rassembler et à la concentrer ? ». Balzac, au
                 sortir d'une de ces fantasias écrivait : « J'ai entendu des voix célestes et
                 j'ai vu des peintures divines. J'ai descendu pendant vingt ans l'escalier
                 de Pimodan… Mais ce matin, depuis mon réveil, je dors toujours et je
                 suis sans volonté ».

                 C.N.P.E.R.T.

                 Centre National de Prévention d'Études et de Recherches sur les
                 Toxicomanies. Ce centre (que préside depuis une dizaine d'années
                 l'auteur de ce livre, où il a succédé au professeur Roger Boulu) a


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