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DICTIONNAIRE CRITIQUE DU CANNABIS
dépendance psychique* vs. dépendance physique*, qu'ont été
distinguées les drogues « douces* » n'induisant qu'une dépendance
psychique, des drogues « dures* » ajoutant à une dépendance
psychique une dépendance physique, i.e. des troubles physiques/
somatiques qui sont en relation avec la privation de la drogue/
l'abstinence. Cette distinction n'est pas absolue.
L'alcool est le plus souvent une drogue douce mais, pour des niveaux
très élevés de consommation, l'abstinence brusque peut mettre en
jeu le pronostic vital, en entraînant un delirium tremens a potu
suspenso.
La cocaïne, malgré son très haut potentiel addictif, ne crée pas de
dépendance physique.
Le cannabis induit une dépendance physique qui est peu perceptible
en raison de sa très longue durée d'élimination, qui étale dans le
temps les manifestations d'abstinence (atterrissage en vol plané,
contrastant avec le crash de l'héroïne).
Le terme « drogue », sous des pressions qui s'appliquent à amoindrir
la force des mots qui interpellent, alors qu'ils ont pourtant de ce fait
une vertu pédagogique, tend à être remplacé par ceux : de « substance
psychoactive » ; de « substance addictive ; voire de « substance »
(tout court) ; de « psychotrope », de « produit ». La peur des mots
et la pusillanimité verbale, accroissent la dangerosité des drogues
qu'ils désignent. Alors trêve d'euphémisme, de dissimulation, de
pusillanimité, si l'on ne veut pas voir se multiplier les victimes de
ces contorsions et autres subterfuges.
Drogue douce
Dans son assertion classique, était une « drogue douce » celle ne
suscitant qu'une dépendance psychique (i.e. ne comportant pas de
manifestations physiques lors de l'abstinence). C'était typiquement
le cas du tabac. Pourtant, eu égard à la forte létalité liée à cette drogue
(75.000 morts par an) et au nombre beaucoup plus important des
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