Page 38 - LUX in NOCTE n°1
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L’Air qui suit, (photo) remplit
justement cette fonction avec
quelques visées esthétiques
particulières car il s’agit d’une
prière, c’est à dire une demande qui
par sa qualité génère la probabilité
de son propre accomplissement. La
musique accompagne et suggère à
travers une expression générale
apollinienne la demande de
quiétude et de sérénité adressée à
Dieu ainsi que son
accomplissement par la prière
même.
J’ai utilisé quelques procédés d’écriture musicale assez simples, mais efficaces selon
les témoignages de quelques interprètes et membres du public.
La pulsation correspond à un rythme cardiaque modéré permettant au public de se
37 retrouver. Chaque battement est divisé par trois et organisé dans des mesures de 12
éléments, allusions cultuelles subtiles à la Trinité et aux apôtres. La facture de
l’accompagnement rappelle la guitare et renforce l’idée d’une musique issue de l’être,
suggérée par la position de l’instrumentiste faisant corps avec son instrument. Le tempo
et le rythme restent constants, ordonnés et rassurants enlevant la vigilance dédiée
naturellement à l’adaptation au temps dégageant ainsi un plus de disponibilité et d’acuité
psychique.
L’harmonie exprimée par les accords déliés, reste accrochée à la tonique, la note sol,
dans la tonalité mineure évocatrice de mélancolie. Les quelques évènements harmoniques
n’ont que peu d’incidence sur le discours, ils servent à renforcer quelques nuances dans
le paysage sonore général.
La mélodie, située en hauteur, prend appui sur la tonique de la gamme et parfois sur la
note ré, première harmonique différente de la fondamentale sol, gardant l’unité sonore,
on peut dire de type pythagoricien, du discours. Un léger dialogue avec le piano, quelques
notes, imitations et répliques à la main droite, assurent son avancement sans effort.
Située dans l’aigu mais dans une nuance faible : mezzo piano, la mélodie provoque un
état paradoxal lors de sa perception, une sorte d’apnée prolongée qui nous pousse dans
un espace invisible, indéchiffrable associé au sacré. D’habitude, l’aigu est synonyme de
cri, donc d’un son court et puissant réveillant dans le corps le souvenir d’un accident,
d’une brulure, d’une douleur inattendue.