Page 37 - LUX in NOCTE n°1
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Voilà quelques hypothèses concernant le maniement de l’information
musicale dans ses dimensions sonores et esthétiques selon lesquelles j’ai
composé ISIHIA, air antique pour soprano et piano.
Sur le plan dramatique j’ai choisi une structure AB, deux mouvements à
caractères différents, Récitatif & Air genre très présent dans la musique baroque
et aussi dans les cantates et les opéras.
J’ai imaginé un climat
spectaculaire réalisé grâce
aux nuances forte, à la
présence des accords
massifs aux sonorités
andalouses en arpegiato,
rappelant la guitare, et
alternés selon un rythme 36
typiquement espagnol.
Cet exotisme rapproché,
selon les acquis culturels
européens, est censée
évoquer une atmosphère,
ibérique, tendue, de nature désertique en mesure de nous transporter dans un
autre espace-temps. La voix, seule, dans le registre aigu, enchaîne des notes
rapides, des montées et des descentes dont le dessin linéaire et cursif, contraste
avec les blocs sonores des accords assurant ainsi un dialogue équilibré avec le
piano dans le cadre d’un conflit fermé.
Le résultat envisagé est un moment musical fort, dionysiaque, dont la fonction
est la création d’une nouvelle réalité esthétique dans l’imaginaire du public.
Cette réalité, qui se veut brutale de par sa brièveté, densité et puissance sonore,
crée le besoin d’un discours compensatoire. Elle a induit dans le vécu de
l’auditoire un stress statique qui habituellement est dilué ensuite dans une
musique plutôt légère, de mouvement régulier, cadencée par un rythme anodin
et discret, modéré ou alerte, inspiré par la danse ou la marche.