Page 36 - LUX in NOCTE n°1
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Mais que demandons-nous ? Sommes-nous conscients du besoin fondamental
qui motive notre démarche, ou bien sommes-nous trompés par l’actualité, les
événements qui habillent et masquent la profondeur et la nécessité existentielle
de nos agissements. Oui, très souvent, nous ignorons cette cause universelle qui
gît en nous et nous pousse au-delà de la diversité des occasions, à prier, à
invoquer la divinité.
Cette cause jaillie de la nécessité naturelle de notre être d’assurer en
permanence son équilibre psychique, la bien nommée « homéostasie ». Cet
équilibre ne peut être obtenu que par l’élimination ou l’assimilation du stress
provoqué soit par une surcharge, soit par un déficit d’informations, de stimuli.
Ainsi, la prière, technique ancestrale, véhicule et chemin à la fois, s’oriente
vers une supposée puissance supérieure censée exaucer nos demandes. Chargée
de nos problèmes, elle nous soulage pour un moment, et on peut compter sur la
durée pour atténuer les aspérités et les pics de nos attentes. Sans résoudre nos
difficultés, cette attente nous donne le temps pour dompter le stress en le
comprenant et en l’intégrant dans le cadre de notre psychisme perturbé. Après,
emporté par l’oubli il sera peut-être diminué et dilué dans les profondeurs de
notre mémoire et du subconscient.
Il est intéressant d’explorer les créations artistiques concernant la quête de la
35 sérénité, de cet état d’esprit caractérisé par le détachement d’une réalité acceptée
et consentie, état qui exclue tout trouble, fût-t-il provoqué par la joie ou le
malheur. L’obtention de cette paix, du « nirvana », de l’équilibre absolu, est
davantage le résultat de certaines techniques de méditation, pour la plupart
monacales, religieuses et/ou orientales, que le résultat des actes artistiques
censés provoquer l’émoi et l’exaltation. Néanmoins, certaines de ces techniques,
associent des mouvements, de la musique, des paroles avec des qualités
esthétiques indéniables.
Par ailleurs, l’équilibre est aussi une exigence de l’œuvre d’art et on observe
sa recherche et construction à travers l’alternance, parfois dramatique, des
expressions apolliniennes et dionysiaques. En musique instrumentale, la plus
abstraite, ces expressions s’enchevêtrent, s’opposent, se disputent et finissent par
disparaître triomphalement ou discrètement dans le silence en nous abandonnant
aux souvenirs parfois incertains mais marqué par le sceau d’un plaisir fugace.
Mais comment réalise-t-on une prière, un discours qui puisse nous apporter la
sérénité, nous plonger dans le calme et la paix intérieure ?