Page 30 - Lux in Nocte 3
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ANNEXES 7  :


               Des bracelets d'or.
                      Arsinde, femme de Guillaume, comte de Toulouse vers la fin du Xè siècle,
               était affligée d'une stérilité qui lui ôtait l'espoir de donner un héritier au nom illustre
               de son époux. Pleine de goût pour les riches parures, elle possédait deux bracelets
               merveilleux  ou  plutôt  deux  manches  d'or émaillées  de  pierres  précieuses  et  d'un
               travail remarquable, qui s'adaptaient aux coudes et retombaient jusqu'à terre.
                      Une nuit, étant dans sa couche, elle vit apparaître une jeune vierge, dont la
               beauté  éclatante  et  toute  céleste  la  rendit  muette  d'admiration.  Après  quelques
               instants d'étonnement, la comtesse lui dit :
                   −  Dites-moi, s'il vous plaît, Madame, qui êtes-vous ?
                   −  Comtesse, je suis sainte Foy, répondit-elle de sa voix douce.
                   −  Ô ma sainte dame, pourquoi avez-vous daigné visiter cette pécheresse ?

                   −  Comtesse, je veux que vous me donniez vos beaux bracelets, que vous les
                      portiez  à  Conques, dans  mon  monastère que  j'ai  en  grande amitié,  et  que
                      vous les déposiez avec une grande révérence sur l'autel du Saint Sauveur.
                   −  Ma sainte dame, dit la comtesse bien avisée, j'exécuterai vos ordres de grand
                      cœur, si vous daignez m'obtenir un fils de la bonté de Dieu.
                   −  J'adresserai cette demande au créateur tout puissant, qui exaucera aussitôt la
                      prière de sa servante, et vous obtiendrez ce que vous désirez, si vous êtes
                      fidèle à votre promesse.
                      A  ces  mots,  la  sainte  disparut  et  la  comtesse  s'endormit.  Le  lendemain,
      29       Arsinde  assista  au  saint  sacrifice  et  songea  à  l'exécution  de  sa  promesse.  Elle
               s'informa  dans  quel  territoire  Conques  était  situé  et  quel  en  était  le  chemin.  La
               renommée des miracles de sainte Foy avait déjà, il est vrai, pénétré dans le pays
               toulousain, mais non jusqu'à la comtesse. Dans la suite, les prodiges de la sainte
                firent connaître et fréquenter encore davantage le chemin de Conques.
                La comtesse se mit en route toute joyeuse et accompagnée d'une suite digne
               de  sa  noble  condition.  Le  seigneur  abbé  de  Conques  et  ses  vassaux  vinrent  au-
               devant d'elle et la reçurent avec grande joie. Ainsi escortée, elle fit son entrée dans
               la ville et dans le monastère, et demanda où était du l'autel du Saint Sauveur. Le
               seigneur  abbé  le  lui  montra.  Alors  elle  se  revêtit  de  ses    plus  riches  parures,  et
               présenta  au  saint  Sauveur  les  beaux  bracelets  d'or  qu'elle  avait  promis ;  elle  les
               déposa sur l'autel avec grande liesse et grande révérence. Le seigneur abbé, dans la
               suite, les employa à la confection de la table d'autel ; les pierres précieuses y furent
               enchâssées avec art.
                      La comtesse fut ensuite conduite devant sainte Foy ; on lui montra sa statue
               d'or pleine de majesté. Arsinde fit alors le récit de l'apparition de la sainte, de la
               demande que la glorieuse vierge lui avait adressée et de la faveur qu'elle lui avait


               7  Cf Livre des Miracles de Sainte Foy 1094-1994, traduction des textes, Les Amis de la Bibliothèque Humaniste de Sélestat
                  (édition des Miracles de sainte Foy rapportés par Bernard d'Angers)
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