Page 31 - Lux in Nocte 3
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promise,  en  récompense.  Elle  demeura  plusieurs  jours  à  Conques,  honora  de  sa
               présence  les  fêtes  de  Pâques  et  retourna  à  Toulouse.  Sainte  Foy,  fidèle  à  sa
               promesse, lui accorda un fils. La comtesse, remplie de joie, revint à Conques pour
               rendre  grâces  à  sa  bienfaitrice  et  lui  offrir  pour  filleul  cet  enfant  qu'elle  appela
               Raymond. Elle eut encore un autre fils nommé Henri. C'est ainsi que sainte Foy
               échangea les deux bijoux de la comtesse, pour deux bijoux mille fois plus précieux
               encore.

               Comment un chevalier, saisi par ses ennemis, fut merveilleusement délivré
               de leurs mains.
                      Un chevalier, nommé Bernard, seigneur du château de Salignac, en Périgord,
               animé d'une vive dévotion envers sainte Foy, avait la pieuse coutume de ses rendre
               chaque année à son pèlerinage. Un jour, s'étant mis seul en route, l'escarcelle au
               côté,  insigne  du  pèlerin,  il  se  dirigeait  vers  un  lieu  où  il  devait  rejoindre  des
               compagnons de pèlerinage, pour faire chemin le lendemain avec eux. Or, après le
               coucher du soleil, il fait la rencontre fortuite d'Archambaud, son ennemi mortel, qui
               était  suivi  de  cinq  hommes  d'armes.  Environné  par  eux,  il  eut  beau  invoquer
               l'inviolabilité des pèlerins et le nom révéré de sainte Foy, il fut fait prisonnier sans
               merci.  Mais  sa  prière  fut  entendue  de  sa  sainte  patronne,  qui  ne  tarda  pas  à  lui
               fournir l'occasion d'échapper de leurs mains. Tandis qu'ils l'emmenaient prisonnier,
               trompés par l'obscurité de la nuit, ils firent fausse route et rencontrèrent le frère de
               Bernard, suivi d'un seul écuyer. Celui-ci, les ayant heurtés, au milieu des ténèbres,
               éleva la voix et demanda qui ils étaient. Le prisonnier, reconnaissant la voix de son
               frère, s'empresse de lui crier qu'il est tombé entre les mains de ses ennemis et de lui
               demander secours. Ce dernier, pour sauver un frère, ne calcula pas le nombre de ses
               adversaires ; il se précipita sur eux, tête baissée, sans crainte du danger. Bernard,
               sans  autres  armes  que  l'invocation  du  nom  de  sainte  Foy,  se  jette,  lui  aussi,  sur
               Archambaud, comme pour le saisir. Par la protection de la sainte, la lance de l'un de           30
               ses ennemis lui tomba sous la main. Il s'en empara vivement. Muni de cette arme,
               ce nouveau Jonathas s'élança au combat avec ardeur contre ces nouveaux Philistins.
               Les  deux  frères,  unissant  leurs  efforts,  mirent  en  fuite  leurs  adversaires  et
               demeurèrent  maîtres  du  terrain.  L'heureuse  issue  de  ce  combat  redoubla  la
               confiance et la joie de Bernard ; il rejoignit ses compagnons, et, arrivé au terme de
               son  pèlerinage,  il  rendit  à  sa  libératrice  les  plus  vives  actions  de  grâce.  Plein  de
               confiance en la lance merveilleuse que lui avait procurée sa sainte patronne, il s'en
               servit  désormais  dans  les  combats  avec  le  même  succès,  grâce  à  la  protection
               constante  de  la  sainte,  et  remporta  toujours  la  victoire  contre  des  ennemis  fort
               supérieurs  en  nombre.  Plus  tard,  il  l'offrit  à  la  sainte,  en  témoignage  de  sa
               merveilleuse  protection.  On  la  conserve  encore  aujourd'hui ;  elle  sert  de  hampe
               pour porter les bannières. (…).
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