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chronique de la Ligue
Pamela Cecchi, formatrice au secteur interculturel de la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente
Dernière chronique (inter)culturelle avant la prochaine
Le confi nement
chiffres de l’enseignement obli-
gatoire)… Certains réseaux ont
repris la classe, mais timidement,
seulement un jour ou deux par
semaine, et certains parents ont
toujours très peur de laisser leurs
enfants rejoindre l’espace parta-
gé. Dans les médias, des ensei-
gnant·e·s ont plusieurs fois expri-
mé leur crainte de savoir certains
enfants laissés devant les écrans
toute la journée, et nombre d’ar-
ticles ont pointé les inégalités gé-
nérées par le fait de faire classe à
la maison - fracture numérique,
espace de vie exigu, parents de-
vant gérer d’abord les questions
économiques, etc. (voir notre
«excellent» Éduquer du mois de
mai).
Pour ma part, j’ai encore
quelques nouvelles d’environ
30% de mes élèves. Pour les
autres, c’est silence radio. La san-
té physique? La santé mentale?
Le confinement en famille? Rien.
Discutant récemment sur les 5 mois de grève entre 1995 Je suis pourtant, pour la plupart,
réseaux sociaux (mauvaise idée, et 1996, je me permets de dou- la seule référente francophone
Dans le cadre de ses missions déjà…) avec des institutrices qui ter que tout le monde s’en soit et donc, celle qui pourrait les
de Cohésion sociale, l’équipe du se réjouissaient de ne pas de- bien sorti. Déjà l’enseignement mettre en contact avec une as-
secteur Interculturel de la Ligue voir rallonger l’année scolaire s’en est mal sorti puisque la loi sociation, un avocat, un assistant
donne des cours de français à au-delà du 30 juin, je lus avec Onkelinx a bien été votée le 2 social, le cas échéant.
des adultes dans 6 communes stupéfaction que l’une d’entre avril cette année-là. Et si on s’en J’ai reçu récemment des nou-
bruxelloises. elles n’estimait pas cet allonge- sort aussi bien en restant à la mai- velles de l’une de mes appre-
Ces cours sont un lieu d’appren- ment nécessaire, se justifiant ain- son qu’en allant à l’école, je pour- nantes, une petite femme pleine
tissage juins aussi et surtout un si: «pendant les grèves de 1996, rais comprendre alors qu’on en- de vie et de fantaisie, du genre
lieu de rencontres. nous n’avons pas été à l’école visage d’envoyer les enseignants à voir la vie du bon côté (même
L’équipe partagera donc régu- pendant x mois et nous nous en cueillir des fraises… quand ce côté est très étroit).
lièrement des petites tranches sommes tous pourtant très bien Si la situation n’est pas com- Elle me demande entre deux ri-
de vie glanées au fur et à mesure sortis». Quand je l’interrogeai parable, on peut néanmoins no- golades où elle pourrait trouver
de ces rencontres... sur ce «nous tous» relativement ter qu’après 2 mois et demi sans des colis alimentaires dans son
Avec légèreté, une pointe de se- peu précis, elle me rétorqua mettre les pieds à l’école, nombre quartier…
cond degré et d’humour et une qu’elle ne souhaitait pas de dis- de faits sont alarmants. Je suis quand même contente
grande dose d’humanité! cussion polémique «ici». Ok, Le corps professoral est sans de savoir que certain·e·s dorment
mais j’ai quand même réfléchi à nouvelle d’environ 10% des en- tranquillement en pensant que
Illustration: Pauline Laurent la réponse… fants (et il ne s’agit là que des tout le monde s’en sort bien…
14 éduquer n° 155 | juin 2020