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actualité
Maud Baccichet, secteur communication
Déconfi nement des
écoles: inégalités
exacerbées
La réouverture officielle, mais non obligatoire, des écoles maternelles et primaires
n’a pas permis à tous les enfants de retrouver le chemin de l’école. Une rentrée à
deux vitesses qui divise et creuse encore davantage les inégalités dans les familles.
Vers le milieu du mois de mai, la question peuvent se faire. Pour calmer les esprits, Caroline
de la réouverture des écoles maternelles et Désir écrit également aux directions d’établis-
primaires est envisagée. 269 pédiatres, rapide- sements scolaires pour les motiver à reprendre
ment rejoint·e·s par de nombreux généralistes, mais sans obligation. Pas d’obligation non plus
signent une carte blanche. Ils/Elles demandent pour les enfants et «aucun contrôle». Il faudra
de ne plus exclure les enfants de la collectivité attendre la rentrée de septembre pour réinstau-
et rappellent aux autorités l’importance du rôle rer l’obligation scolaire pour toutes et tous, et
social de l’école. ce non plus à partir de 6 ans, mais bien dès l’âge
Le 22 mai, les acteur·trice·s de l’enseignement de 5 ans. À noter que pour les élèves du secon-
néerlandophone et le ministre flamand compé- daire, il n’y aura pas de réouverture massive des
tent Ben Weyts annoncent une ouverture pour écoles. Leur présence à l’école ne se limitera
le 2 juin, sans concertation avec les autres entités qu’à quelques jours et toujours masqués.
au sein du Conseil National de Sécurité. Côté
francophone, si on est réticent sur la manière de Rentrée à deux vitesses
procéder, sur le fond, les ministres compétent·e·s Durant quelques jours, on assiste médiatique-
en Fédération Wallonie-Bruxelles ont le même ment à des moments de tensions et de diver-
objectif: faire en sorte que tous les enfants de gences politiques qui jettent le doute dans les
primaire et de maternelle retrouvent le chemin esprits et sèment la panique. En ces temps de
de l’école dans le courant du mois de juin. Le crise sanitaire, il n’est pas simple de faire corps et
27 mai, la décision du Comité de Concertation sur la question d’un retour à l’école, les querelles
(CODECO) tombe: les maternelles reprendront vont bon train, laissant les enfants et leur famille
à partir du 2 juin et les primaires de l’enseigne- à la merci du bon vouloir des différents réseaux
ment ordinaire et spécialisé, à partir du 8 juin. Ce d’enseignement, des pouvoirs organisateurs, des
retour à l’école ne sera pas obligatoire. directions d’écoles, et des enseignant·e·s, pas
Toutefois, les fédérations des pouvoirs organi- toujours prêt·e·s à reprendre du service.
sateurs et les syndicats d’enseignant·e·s sont plu- Un certain nombre d’écoles se sont retrouvées
tôt mécontents. En effet, après avoir consacré du dans l’impossibilité d’assurer une réouverture à
temps et de l’énergie pour répondre aux mesures temps plein pour toutes les années de maternelle
sanitaires préconisées par le CNS, on demande à et de primaire par manque de personnels et/ou
présent aux écoles de défaire les dispositifs mis en d’infrastructures. D’autres, malgré tous leurs
place. La CGSP Enseignement dépose alors un pré- efforts, ne sont parvenues qu’à offrir un jour
avis de grève et demande un report de la rentrée. d’école par classe. D’autres encore, sont res-
La ministre de l’Éducation Caroline Désir tées fermées. «Chaque commune fait au mieux
(PS) rencontre les syndicats puis confirme les pour organiser une rentrée mais à Anderlecht par
dates des jours «à partir desquelles» les rentrées exemple, les écoles sont restées fermées malgré la
10 éduquer n° 155 | juin 2020