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déclamation très spécifique, liée à la prosodie de la langue tchèque, qu’impose Janácek
               dans ses œuvres lyriques. Si la voix a perdu de sa fraîcheur, elle a pris du corps et Elena
               Tsallagova garde une jeunesse lumineuse en Renarde, touchante ou insolente, bien
               appariée au Renard d’Angela Brower qui, tout en manquant de rondeur dans le timbre,
               chante avec elle un magnifique duo d’amour à la fin du deuxième acte. Le beau baryton de
               Roland Wood incarne un Garde-Chasse parfait, entre rudesse et empathie, superbe dans la
               très lyrique scène finale où, devant une petite renarde, il laisse cette fois tomber son fusil.
               Tous les autres seraient à citer, qui endossent plusieurs rôles, tels le très prometteur
               William Thomas, au grave profond, notamment en Curé bien campé, ou Robert Murray,
               Maître d’école ténor de caractère. Les enfants anglais sont charmants, mais le Chœur de
               Radio France ne brille guère.


               Dans La Petite Renarde, tout passe par l’orchestre, un Birmingham de haut vol, avec des
               pages symphoniques assez développées – qu’une Suite regroupe. Mirga Grazinytė-Tyla
               conjugue la verdeur et le lyrisme, concilie la rigueur de l’analyse et le déploiement des
               couleurs. Donnée sans entracte, comme une sorte de poème continu, l’œuvre révèle chez la
               Lituanienne un sens du rythme et du théâtre, un art de tendre l’arc sans le raidir, tout en
               faisant corps avec les chanteurs, comme si tout ici n’était que voix d’une nature dont on
               respire les parfums.



               Didier van Moere
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