Page 27 - Black Beautés Magazine 2025
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Une soirée, un clic… On se dit “Je me détends”, “Je regarde juste un
truc vite fait”.
et deux heures qui Mais la vérité est plus brute : les réseaux ne sont
plus un choix, ils sont un réflexe.
disparaissent Résultat :
La concentration diminue.
Le temps “libre” se réduit.
Vous connaissez la scène. On vit moins d’expériences réelles… mais on
Il est 21h. Une amie vous envoie une vidéo drôle croit vivre plus, parce qu’on les regarde à
sur WhatsApp. Vous l’ouvrez, vous riez. Puis travers l’écran des autres.
l’algorithme vous en propose une autre. Et
encore une.
À 23h15, vous avez vu 47 vidéos, liké 12 Et si on n’arrêtait pas ?
publications, lu 3 commentaires d’inconnus… et
votre tasse de thé est froide. Le livre que vous
vouliez commencer est resté sur la table. Vous À force, on risque de vivre dans une réalité
ne savez même plus par quoi vous avez fragmentée, où le lien humain devient un bruit
commencé. de fond et où la mémoire se remplit plus de
“reels” que de souvenirs vécus.
Ce n’est pas un accident : les plateformes sont
conçues pour capter votre attention, pour que
vous restiez. Elles ne vendent pas du contenu,
elles vendent du temps de cerveau disponible.
Et nous, nous leur offrons généreusement,
seconde après seconde.
Des vies parallèles
Aujourd’hui, il n’y a plus un seul moment qui
échappe aux réseaux :
En mangeant : on prend la photo du plat avant la
première bouchée.
En famille : chacun avec son écran, les
conversations coupées par des “Attends, je
réponds juste à ce message”.
Devant Netflix : la série tourne… mais les yeux
sont sur TikTok.
Au restaurant : les couples se prennent en photo
au lieu de se parler.
Dans la rue : les passants marchent en fixant
leur écran, esquivant de justesse les obstacles. Photo : Ben-Iwara
En poussant la poussette : un doigt sur l’écran,
un autre tenant la poignée.
Une directrice d’école maternelle raconte :
“Je vois des parents arriver, téléphone à la main,
les yeux rivés à l’écran. L’enfant court vers eux,
mais ils ne lèvent pas la tête. Pas de sourire, pas
de câlin. L’écran passe avant le lien.
Le glissement invisible
Ce qui est inquiétant, c’est que cette
dépendance ne se ressent pas. On ne se dit pas
“Je suis accro”.
Photo : Roman Derrick Okello