Page 37 - TPE SOUVENIRS ET MEMOIRE
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• Durant un an, elle a été psychologue en cour de justice. Son rôle consistait à
interroger des enfants et adolescents qui avaient subi des violences chez eux. La
plupart du temps, les indices étaient dépistés à l’école ou par les médecins qui
alertaient aussitôt la justice. Si les enfants arrivaient à raconter eux-mêmes
leurs souvenirs, il était plutôt facile de vérifier et de conclure, mais la plupart du
temps, ce n’était pas le cas et cela rendait son travail délicat car aucune réponse
ne devait être dirigée. Par exemple, des cas d’aliénation parentale étaient
détectés chez des parents séparés où l’un d’eux mentait à l’enfant sur l’autre
parent en le critiquant. Elle devait donc poser des questions scientifiques qui
étaient ouvertes et très vagues à l’aide d’un questionnaire très précis à suivre.
Ces questions devaient être posées plusieurs fois, mais de différentes manières
afin d’avoir l’information la plus juste. Aussi, dans le cadre de la justice, le
psychologue a la possibilité de se déplacer chez les personnes. Elle devait rédiger
un rapport se rapprochant le plus de la situation réelle, sa responsabilité
s’arrêtait ici : ensuite, c’était au juge de décider de l’enquête, pour l’enfant et
ses parents. Dans ce genre de situation, les souvenirs des enfants étaient très
importants car la justice entrait en jeu. Il s’agissait de jugements, donc de peines
à attribuer en fonction de faits. La question de la mémoire était importante car
celle-ci influait énormément la décision du juge, qui pouvait avoir de graves
conséquences si l'enfant avait menti ou transformé une vérité. Après le jugement
c’était un nouveau psychologue qui prenait en main l’enfant afin de mieux
dialoguer avec lui cette fois. Pour elle, ce travail était intéressant mais cela n’a
pas été son domaine préféré, dans la mesure où les souffrances de l’enfant ne
sont pas encore mises au premier plan.
• Aujourd’hui, Madame Marques s’occupe de son propre cabinet de psychologue à
Libourne, travaille avec d’autres professionnels de la santé, et gère une
association qui accueille des enfants migrants à Bordeaux. Il lui arrive de
rencontrer des étrangers entièrement muets, ne sachant pas parler français, se
retrouvant dans un monde totalement inconnu pour eux, bloqués par le
traumatisme de la traversée où il leur arrive de perdre des proches. Pour établir
un contact avec eux, il faut donc leur présenter quelque chose de familier, qui
leur rappelle leur origine. Ainsi, elle a déjà assisté à des « groupes d’arômes », le
but étant de rappeler au patient une odeur d’épice qu’il connait afin de se sentir
en confiance.
Elle nous a également parlé de la psychanalyse, qui a vu ses débuts en 1900, avec
Sigmund Freud. Un psychanalyste travaille avec le passé pour analyser ses
répercussions sur le présent d’une personne, mais il travaille aussi avec le futur
pour observer comment celle-ci se projette. En psychanalyse, il n’y a pas de
différence entre le souvenir et la mémoire. Selon les psychanalystes,
l’inconscient occupe une grande place dans chaque personne. Celui-ci est
intemporel : c’est-à-dire qu’il peut s’exprimer à n’importe quel moment de la
vie. Cela expliquerait pourquoi des souvenirs lointains resurgissent
précipitamment, par exemple 20 ans après leur création, alors que la personne
les avait refoulés, mis « de côté » : dans son inconscient.
MAÎTRE Elizabet, RODRIGUEZ Salomé, DURIF Justine 1ère S3 - TPE - Lycée Max Linder - Page 37