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salon, il n’avait pas d’autre envie que de se suicider, crise naturelle que j’ai moi-même pu
                 vérifier en maintes occasions.
                 Avec J. L. Almira, 1983.




                 COMPASSION

                 Je ne suis pas un égoïste. Ce n’est vraiment pas le mot qui convient. Je suis compatissant.
                 La souffrance des autres a sur moi un effet direct. Mais si l’humanité disparaissait demain
                 cela me serait égal. [...] La disparition de l’homme est une idée qui ne me déplaît pas.

                 Avec Helga Perz, 1978.



                 CONTEMPLATION

                 Je crois que le seul moment juste dans l’histoire est la période antique de l’Inde, où on
                 menait une vie contemplative, où on se contentait de regarder les choses sans jamais s’en
                 occuper. C’est alors que la vie contemplative a vraiment été une réalité.

                 Avec Helga Perz, 1978.


                 Nos contemporains ont perdu la faculté de contempler les choses. Ils ont désappris l’art
                 de perdre intelligemment son temps. Si je devais faire mon propre bilan, alors je devrais
                 dire que je suis le résultat de mes heures perdues. Je n’ai exercé aucun métier et j’ai gaspillé
                 énormément de temps. Mais cette perte de temps a été réellement un gain. Seul l’homme
                 qui  se  tient  à  l’écart,  qui  ne  fait  pas  comme  les  autres,  garde  la  faculté  de  vraiment
                 comprendre quelque chose.

                 Avec Georg Caryat Focke, 1992.



                 CORPS

                 Nous dépendons du corps ; il est comme un destin, une fatalité mesquine et lamentable à
                 laquelle  nous  sommes  soumis.  Le  corps  est  tout,  et  il  n’est  rien  :  un  mystère  quasi
                 dégradant. Mais le corps est aussi une puissance fabuleuse. Même si l’on ne peut  plus
                 oublier la dépendance qu’il engendre, dès lors que l’on est devenu conscient.

                 Mes idées m’ont toujours été dictées par mes organes, lesquels, à leur tour, sont soumis à
                 la dictature du climat.
                 Je  ne  dis  pas  que  la  météorologie  conditionne  la  métaphysique,  mais  je  constate  une
                 certaine simultanéité entre l’interrogation métaphysique et le malaise physique. Très tôt,
                 j’ai été conscient de cette évidence et, honteux, j’ai toujours essayé de l’occulter.
                 Avec J. L. Almira, 1981.
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