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H comme Histoire

Guillaume Lewkowiez

Faut-il effacer l’Antiquité de l’enseignement de l’Histoire ? Au Québec le
programme du Cégep, qui correspondrait aux classes préparatoires françaises, est en
proie à une réforme visant à éliminer l’histoire ancienne au profit d’une histoire
mondiale des siècles plus récents. Aux États-Unis, l’histoire ancienne est poignardée
par certains de ses spécialistes qui mettent en avant son aspect trop blanc, trop
hiérarchisé, trop « fascisto-compatible ». Il est évident qu’Hitler, Mussolini et d’autres
se sont inspirés des classiques de l’Antiquité pour alimenter leur propagande ; faut-il
pour autant en tenir pour responsables la famille romaine, la tisseuse
mésopotamienne ou l’ouvrier égyptien ? Comme ceux du XIXème siècle, les humains
des quatre millénaires constituant l’Antiquité ont droit à leur histoire, si diverse et
complexe soit-elle. Si l’Antiquité est détournée à des fins fascistes ou racistes, c’est
qu’elle est incomprise ou manipulée. Là où elle est brutale, sévère et injuste, l’histoire
ancienne pose aussi les fondations de la démocratie, de la loi, de la conception de ce
qu’est l’humain, de tout.