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Mais les yeux de l’amant étaient différents. Au lieu de remplacer la personne dans
               son ensemble, ils n'ont représenté qu'une minute. De plus, ils incarnaient une action
               spécifique: le regard. «C'est le regard de quelqu'un dont [l'œil de l'amant] est porteur»,
               a expliqué Grootenboer. «C'est le regard que quelqu'un veut imaginer et veut se sentir
               comme reposant sur lui-même.»
               L'acte de regarder, et son importance dans la société britannique de la fin du XVIIIe
               siècle, est essentiel pour déchiffrer les mystères des miniatures oculaires. À l'époque,
               la culture britannique «était enthousiasmée par le fait de voir et d'être vu», a expliqué
               Grootenboer. Parce que les codes sociaux limitaient l'interaction publique entre les
               personnes du sexe opposé, les regards pouvaient plus facilement être échangés que
               les mots. (Ces limitations ont également déclenché les phénomènes les plus illicites
               de pipi ou d'espionnage en trou de serrure.)




















                            Portrait d'un œil gauche. Avec l'aimable autorisation du Philadelphia Museum of Art.

               Dans le processus, la recherche est devenue à la fois significative et codifiée; en
               d'autres termes, différents types de regards véhiculaient des émotions et des messages
               différents.
               Des miniatures oculaires se sont matérialisées dans cet environnement, où même le
               regard le plus subtil pouvait transmettre la luxure, l'amour, la surveillance ou un
               mélange enivrant des trois. Il n’est donc pas étonnant qu’une expression de dévotion
               vienne en portant un regard fixe.
               Chaque miniature se sent précieuse et extrêmement intime, bien que leurs humeurs
               oscillent de l'adoration, du désir et du vigoureux à pénétrant et étrangement vigilant.
               L'un regarde timidement du centre d'une épingle circulaire, ressemblant à un judas,
               comme s'il faisait allusion à ses désirs les plus lascifs, tandis qu'un autre regarde, aux
               paupières  lourdes  et  adorant,  à  travers  une  couronne  scintillante  de  pierres
               précieuses. D'autres expriment des messages plus sombres et plus mélancoliques: à
               partir d'un cadre doré orné, un homme regarde avec contrôle, les sourcils arqués,
               comme s'il tentait de dissuader l'infidélité; il regarde la femme qui a porté ce bijou,
               même en son absence. Un œil cerclé de perles sécrétant deux larmes de diamant, en
               revanche, représentait probablement un être cher décédé; à travers elle, le regard du

               sujet est resté immortel, même dans la mort.
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