Page 105 - Le grimoire de Catherine
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Rassasiés,  ils  allèrent  retrouver  la  troisième  pancarte    « Jardin  du    goût »  et    la
              dressèrent solidement .Leur travail  prenait  forme.

              Plus ils  avançaient dans leur périple, plus ils se sentaient  proches les uns des autres
              malgré  leurs différences. Ils ressentirent le besoin de se toucher et se prirent la main.
              C’était le meilleur moyen  pour savoir  ce que chacun cachait au plus  profond de lui.
              Que de  messages ainsi s’échangèrent sous   la forme d’un léger tremblement ou d’un
              pouls palpitant !

              Ils atteignirent le fond du  jardin. Un grand  silence y régnait quand tout à coup un  léger
              bruissement de feuilles les attira. Ils découvrirent un, deux, trois petits tunnels creusés
              dans le sol, des terriers  .Une petite tête apparut  puis se cacha, une autre prit  le relai.
              Ils avaient dérangé  une  famille de souris des champs !

              Arlequin  dit  qu’il  connaissait    bien  ces  petits  rongeurs  mais  ceux    des  villes,
              essentiellement ceux  qui couraient  dans les ruelles de Venise. Mary Poppins  décida
              qu’il fallait vite se faire oublier, les rassurer en leur montrant qu’ils ne les toucheraient
              pas et s’éloigner rapidement.
              Tout le monde n’apprécie pas  le contact  d’une espèce  autre que la sienne! Il est vrai
              que beaucoup d’animaux  ont intérêt à ne  pas trop côtoyer les humains. On  ne sait
              jamais qui est véritablement nuisible dans ce  monde vivant !

              Ils  ne tardèrent pas  à rencontrer un beau chat tigré, qui lui, ne rêvait que de caresses
              depuis  qu’il avait décidé de vivre en ermite. Il se mit sur le dos et attendit  les doigts  de
              nos  aventuriers.  Que  de  chatouilles,  de    gratouilles.  Il  fit  le  plein  en  espérant    de
              prochains  visiteurs  pour  renouveler  l’expérience.  Quelle  belle  rencontre,  quel  bel
              échange ! Chacun repartit de son côté, satisfait, serein.

              Afin de lui attirer d’autres « caresseurs  cajoleurs » potentiels,  ils conclurent qu’il était
              urgent d’indiquer que cet  endroit  était  « le jardin du  toucher », les souris sauraient
              bien  se cacher !

              Des  papillons  en  nuée    arrivèrent,  zébrant  le  ciel  de  nos    compères  jardiniers  de
              nuances  empruntées  à un arc  en ciel. L’oiseleur était ravi, il sentait  la langue du vent
              animer son chapeau musical.

              Arlequin  et  Polichinelle  en  profitèrent      pour  effectuer  quelques  acrobaties  et  Marie
              Poppins ouvrit grands ses yeux  afin de  s’immerger dans cette envolée de couleurs. Ils
              décidèrent de s’assoir  pour  profiter du moment offert et de regarder tout autour d’eux.
              Tout à coup la friche ne fut  plus la même, elle  se révéla  riche de ses diversités et de
              ses singularités. Elle  acceptait de  dévoiler certains de ses  trésors à ceux  qui avaient
              pris  le temps de la regarder de près. Le soleil avait déposé  son reflet sur ses ferrailles
              cabossées, ses vers de terre rampaient  vers une  gourmandise déterrée, ses cailloux,
              usés par un vent venu de la nuit des temps, rivalisaient de nuances  minérales… Ce
              spectacle    ne  finirait  jamais,  aussi  prirent-ils  la    décision  d’y  hisser  leur  dernière
              pancarte mentionnant que  là se trouvait « le jardin de la vue ».
              Comme  ils  s’apprêtaient    à  rebrousser  chemin,  ils  furent  intrigués  par  de  petites
              silhouettes  lumineuses    et  furtives,  qui  tels  des  fantômes,  apparaissaient      puis
              clignotaient  avant de se fondre au fond du paysage. Est-ce que  ce jardin n’avait  pas


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