Page 104 - Le grimoire de Catherine
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Arrivés au pied de l’ancêtre des lieux, l’eucalyptus centenaire, ils firent le plein
d’essence et continuèrent leur périple. Le vent ne les avait pas abandonné et les
dirigeait maintenant vers un fatras fait de fagots et d’autres détritus de toute nature.
Hum quelle fragrance !
Celle de l’automne ! Polichinelle curieux, se pencha à la recherche d’un quelconque
trésor et écrasa toute une colonie de champignons .Il anéantit ainsi toute la réserve
des petits habitants du lieu. Heureusement qu’il avait dans ses poches de quoi se faire
pardonner… des graines de fantaisie et de bonheur assuré qu’il s’empressa de
planter.
Le soir tombait, ils commençaient à ressentir la fatigue et risquaient de se tordre les
pieds dans les creux et bosses du lieu, alors ils décidèrent de faire une pause.
Prudemment, ils s’approchèrent des ruines d’une cave voûtée mais là le vent
s‘époumona leur donnant l’ordre de s’arrêter Une odeur de fauve leur sauta au nez.
Ils étaient passés imprudemment en hiver et risquaient d’entrer en zone dangereuse,
celle choisie par le sanglier du lieu pour y passer de bons moments. Ils rebroussèrent
leur chemin et s’installèrent plus loin allumèrent un feu de bois profitant pleinement
de ce jardin des odeurs. Enfin ils plantèrent leur deuxième pancarte « Jardin de
l’odorat »
Le brasier éteint, ils s’endormirent enchevêtrés les uns dans les autres comme des
marionnettes attendant les doigts du magicien qui les ferait renaitre le lendemain et
ce matin se leva.
Ils se concertèrent, ils avaient faim, faim bien entendu de nouvelles découvertes mais
aussi et surtout il leur fallait trouver de quoi se sustenter. Les odeurs c’étaient bien joli
mais comme disaient les poètes qu’ils rencontraient parfois « l’odeur c’est la part des
anges » !
Polichinelle proposait d’aller tout droit mais personne ne l’écoutait ! Qui pouvait
croire à un secret de Polichinelle ! Arlequin amoureux de sa Colombine pleurnichait, il
en avait perdu l’appétit. L’oiseleur virevoltait tantôt à droite, tantôt à gauche pour
s’enivrer du bruit de ses cloches. Marie Poppins prit la situation en main.
Lors de ses nombreux voyages, elle avait appris que le vent d’est apportait souvent
des surprises alors ils se dirigèrent vers cette destination. Un jardin abandonné ! Il
s’était épanoui comme il l’entendait faisant fi des entraves habituelles comme les
bâtons tuteurs, les filets de protection, les abominables pesticides. Il s’en était donné à
cœur joie. Les melons joufflus, les fraises redevenues sauvages, les groseilles
rougissantes, tout ce joli monde avait prospéré et vivait en parfaite harmonie. Il n’y
avait plus qu’à se servir passant de la saveur mielleuse d’un premier fruit à celle plus
astringente de son voisin ! Enfin relevant la tête, ils virent qu’une vigne avait également
survécu et qu’elle leur tendait de magnifiques grappes de raisin, de celui qui ne
pousse qu’à Alexandrie.
Qui avait pu la planter là ? Certainement un ouvrier nostalgique de son beau pays ! En
pleine dégustation ils se mirent à rêver de terres lointaines.
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