Page 107 - Le grimoire de Catherine
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UNE HISTOIRE DE CHAMPIGNON

                                                 (Conte pour enfants)


              Ce  jour –là, j’étais très heureux. Alors que je  dégustai ma  tartine de  Nutella, bien
              installé en face de ma grande sœur pas encore  bien réveillée, il faut dire qu’elle fait de
              si jolis rêves qu’elle a  beaucoup de mal à les quitter  chaque matin, j’avais   aperçu
              nos  bottes   toutes prêtes devant la porte.  Je  le savais, j’en étais  sûr, nous allions
              faire une promenade dans le parc.

              J’aime  beaucoup ces moments, ma sœur va  chercher des  cailloux parait-il  très rares
              et moi je vais pouvoir  courir après mon ballon en prenant gare que  quelques grands
              ne s’amusent pas  à me le voler, ils profitent que  j’ai des petites jambes pour me le
              chiper.
              S’ils    essaient,  pas  grave,    je  crierai  fort,  très    fort.  Je  sais  faire,  il  faut  beaucoup
              d’entrainement, je suis fier de ma voix. Il faut dire que  comme les grands chanteurs, je
              m’entraîne chaque  jour, on ne plaisante  avec ses cordes  vocales.

              Alors je trouve des prétextes pour travailler mes octaves, je ne trouve plus mon épée, je
              ne veux  pas sortir de mon bain, etc.…Je pense que ma sœur  n’apprécie pas car j’ai
              remarqué  qu’elle se  bouche  les oreilles, pas grave, moi   je me concentre !
              Donc, c’était  bien une  promenade  qui était  programmée et maintenant,  soyez bien
              attentifs, voilà  ce qu’il arriva.

              Je  courais  devant    mes  parents  et  ma  sœur,  espérant    retrouver,  comme  il  pleuvait
              légèrement,  ma famille d’escargots. Mon papa  lui a rendu sa liberté, car il sait, lui, que
              toutes  les petites  bêtes ne peuvent pas vivre dans une maison même si elles nous
              amusent beaucoup !

              Je pense que vous n’avez pas oublié ce petit frisson de bonheur que l’on ressent quand
              on leur chatouille  les petites cornes. Bref papa  a dit « ça suffit » et il a ouvert la boite,
              vous imaginez ce qui s’est passé  bien entendu. Ils sont tous partis, les ingrats  sans se
              retourner !

              Arrivés    dans  le  parc,  comme    à    l’accoutumée,  chacun  vaquait  à  ses    occupations
              préférées.  Ma  sœur    partait  à  l’assaut  de  l’araignée  géante  aux    tentacules  de
              cordages,  bientôt  je  ne  voyais  plus  que  ses    bottes  multicolores.  Les  parents
              rencontraient d’autres parents  et se racontaient des histoires  de parents. Moi, je me
              demandais bien sous quelles feuilles pouvaient se nicher  mes petits  amis  à coquilles.

              Et c’est là qu’arriva la catastrophe !
              Alors que je commençais  mes recherches, je me  penchais, mon ballon s’échappa de
              sous  mon  bras,  il  ne  fallait    pas  que  les  grands    me  le  volent    encore    une  fois.  Je
              m’élançais à sa poursuite et ma botte s’abattit  violemment  sur un champignon.

              Ce n’était pas    n’importe  lequel, c’était le plus beau, du moins  c’était l’avis de ma
              sœur  qui connait bien tout ce qui pousse et qui vit au milieu de tous les  enfants du
              quartier. Je n’osais pas lever  le pied ! Peut-être que  ce n’était pas  si grave que ça. Je
              suis encore petit et  pas bien lourd, il n’était peut-être que froissé ou bien  encore avait-

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