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CHOIX… EN CROIX.
Il y a la douceur de vivre et l’art de vivre. Je me demande
lequel choisir. Et puis, est-ce bien raisonnable ? Choisir ? Est-
ce que j’ai choisi de boire ? Non ! La première bière est venue
toute seule sur la table par un moment de tristesse. Elle, non
plus, n’avait rien demandée. Elle n’avait pas souhaité naître en
bière, d’un père Houblon et d’une mère Levure.
On va pas refaire le monde, il est déjà assez défiguré dans tous
ses tissus et ses coutures craquent sur toutes pointes de la
rosace. Bref, je vais continuer par un blanc pur jus de raisin
d’égrappée à la main et forniqué par des pieds rudement nus.
Je devrais aller dormir mais je ne vois déjà plus l’escalier qui
s’est barré avec un autre… colimaçon. Je crois que je vais
roupiller sur place. Tiens, j’entends des craquements par là et
par ici sur ma gauche. Mais que vois-je, un textile qui déchire
la nuit avec impatience. Je me demande si tout cela est bien
raisonnable. J’ai les yeux qui piquent et la mâchoire qui se
détend comme un gouffre sans fond. Bizarre, mon attitude. En
fait, elle est ma surprise : je suis assis en califourchon sur des
bûches de frênes à la cendre comme socle et suis à la braise
déconfit d’un alcool frelaté jusqu’à la dernière molécule d’os…
Je suis en train de prendre le dernier… train de vie… une
bonne raclée… et je pleure comme un gosse qui voit
disparaître son arc-en-ciel… je me suis perdu et l’effet
rétroactif de ma souffrance me coupe la respiration dans un
dernier souffle rappé, drapé, poinçonné… et je m’agrippe à une
vision de toi pour ce passage de sable trop blanc, trop frais,
trop…