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DÉTRUMPEUR

             Je   ne   connais   pas   ce   Trump   qui   vient   d’arriver   comme
             embobineur de palettes de plats cuisinés à réchauffer dans les
             micro-ondes nord coréens, dans notre nouvelle entreprise de
             dix employés située en périphérie de notre village Le Gourdin
             Gourmand communauté de communes de Point Gé.

             Il  paraît philanthrope  dans la  logorrhée et  s’impose  par  sa
             double   nationalité   d’américano-mexicaine.   Il   lui   manque   le
             sombrero et le fusil Mauser à confettis. C’est pas un homme
             qui fait dans le velours même s’il porte le pantalon du même
             nom,   mais   ne   le   valorise   pas.   Il   est   rustique   dans   le
             comportement  et   s’emballe  lui-même  dans   des   discours   qui
             pompe même le syndicaliste non inscrit de notre boîte. C’est
             tout dire et parfois il voit carmin dans ses yeux fatigués d’une
             telle   audace   de   propos   de   ce   nouvel   arrivant   qui   fait   des
             siennes comme un ancien.

             Quelques semaines ont passé et il va sans dire qu’il va être
             viré.   C’est   sûr.   Mais   on   ressent,   paradoxalement,   avec   les
             autres gars et les deux filles de notre petite entreprise une
             attirance étrange dans sa magistrale manière de s’exprimer
             comme une nouvelle façon d’apporter une vision du monde de
             l’alimentation   extra-humaine   dans   le   contexte   d’un   nouvel
             Eldorado pour les années futures.

             En fait, j’ai peur qu’il devienne le gourou et les filles ne sont
             pas insensibles à cette antinomie du Gandhi déplumé et à la
             robuste constitution d’un dinosaure, car il faut vous dire qu’il
             est… végétaliste, alors que je le soupçonne d’être… carnivore.
             Cache-t-il son jeu, le bougre ? Car n’a-t-il pas accepter l’autre
             jour un carambar ? Et pourquoi travailler dans un milieu qui
             est à l’opposé de ses « convictions »? Cherche-t-il tout simple
             le pouvoir ? Mais le pouvoir pour faire quoi ?

             Quelques mois ont passé et il est devenu notre patron. Il a
             choisi un autre logo pour notre entreprise : le Polatouche (de
             la   famille   des   écureuils   volants   pour   les   puristes).   Ce   que
             j’avais prédit c’est confirmé, au fil du temps. Nous sommes
             passés de dix employés à cinq cents et ce n’est que le début. Je
             suis devenu son bras droit et le deux filles de l’entreprise ont
             démissionné pour des faits de vols dans l’un des entrepôts, ce
             qui m’a paru surréaliste…
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