Page 7 - Nathalie Nkum
P. 7

La quantité demandée des biens et services a baissé avec la récession, déplaçant la courbe de la
               demande agrégée vers la gauche, mais la baisse des recettes fiscales qui auraient dû jouer le rôle de
               stabilisateur et stimuler la demande vers la droite, n’a pas eu lieu.

               Les dépenses publiques aussi n’ont pas stabilisé l’économie. Seules les grandes entreprises ont payé des
               indemnités de licenciement au personnel révoqué, et ceci, dans les années 1990- 2000. Les assurance-
               chômage n’existent pas. Les prestations d’aide sociale et de soutien de revenus aux chômeurs n’existent
               pas non plus. Les dépenses gouvernementales ne peuvent pas croître par le biais de ces canaux, donc
               aucune stimulation de l’emploi n’est possible par cette voie.

               Ce n’est pas à charge de l’Etat Camerounais que je décris la présente situation ; l’Etat a mis sur pied
               l’Opération Epervier pour endiguer les détournements de deniers publics et organisé le recrutement
               de 25 000 emplois jeunes dans la fonction publique en 2012. Ce sont des initiatives qui montrent la
               volonté manifeste du gouvernement de réduire les effets néfastes de l’actuelle situation. Je décris
               juste la situation dans les faits, je tente un réel diagnostic de la conjoncture pour trouver la solution la
               plus idoine. C’est comme bien faire l’examen d’un patient, dans le but de découvrir les causes
               profondes de sa maladie et trouver le remède le mieux approprié à sa guérison. Je voudrais, par les
               recherches en économie que je mène actuellement, à l’Université de Genève et mon stage à
               l’International Trade Center à Genève, trouver une alternative viable, des perspectives différentes de
               celles proposées jusqu’à l’heure.


               L’approche keynésienne à laquelle j’adhère défend l’idée selon laquelle, lorsque l’économie se retrouve
               en récession, le gouvernement peut utiliser les politiques monétaire et budgétaire pour déplacer vers la
               droite la courbe de demande agrégée, la déplacer de façon suffisante pour annuler l’effet du
               déplacement de la courbe d’offre agrégée de court terme vers la gauche, ré-établir l’équilibre entre les
               trois courbes ( Demande agrée, offre agrégée de court et long terme), mais en acceptant de supporter
               un niveau de prix supérieur.

               Les keynésiens estiment que la Banque Centrale pour résorber la récession économique, peut
               augmenter la masse monétaire ; ce qui va faire diminuer le taux d’intérêt, stimuler la demande de biens
               et services pour chaque niveau de prix et déplacer ainsi vers la droite la courbe de demande agrégée.


               Pour le cas du Cameroun, il peut être très approprié d’appliquer une politique d’injection monétaire.
               Cette dernière, combinée à la faible valeur du franc CFA face à l’euro, stimulerait plus les exportations
               nettes,  entrainant une augmentation de la demande des biens et services Camerounais de plus grande
               ampleur. La courbe de demande agrégée se trouverait  donc plus sérieusement déplacée vers la droite.
               Ce décor étant planté, il faut donner aux exportations une envergure  qui leur permet de jouer le rôle de
               moteur principal d’une croissance économique à deux chiffres.

               La notion d’effet multiplicateur des dépenses gouvernementales que soutiennent les keynésiens, sera
               reprise par l’EDB et recadrée dans le contexte de cet organisme de la Banque Centrale qui veut
               activement soutenir l’Etat dans l’achèvement du plein-emploi au Cameroun.
   2   3   4   5   6   7   8   9