Page 4 - J'aime autant te hair
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Je ne voulais pas être malheureuse, car mon rêve était de tomber
amoureuse, des frères Magnus. Une riche famille de Saint-Etienne, venue
exploiter du bois dans la région. Le grand-père Sébastien Charles, a
travaillé dans les mines allemandes, pendant la seconde guerre mondiale.
Son fils Emilio Scott, qui n’avait pas hérité de sa fortune en raison de son
bannissement, a cependant connu une ascension fulgurante dans
l’immobilier, avant de s’attaquer au pétrole. Il existe toutefois une rumeur
étrange selon laquelle, ce dernier serait impliqué dans la disparition
nocturne de vingt-quatre ouvriers. La presse française rend hommage à ce
jour, sous la formule de Mirmidon. Depuis, l’homme s’est remarié et a
même fondé une famille avec une ancienne dactylo, qui répond au nom de
Natasha. De cette union est né Ron Magnus, le père de mes deux amours :
Charles et Davis.
Mon réveil vient de sonner à l’instant, sur ma table de nuit. Je
bougonne sous ma couette, cherchant à tâtons le poussoir qui interrompt
le carillon. Zut alors, je crois qu’il vient d’éclater au sol.
Du revers de la main, je dissipe la nuée qui m’obstrue la vue, en
bâillant comme une lionne. Il va bientôt faire sept heures. Je suis en
retard. Mon regard nonchalant se prostitue dans la chambre. Rien mis à
part le bazar qui y règne, ne m’arrache un grognement.
Je traverse le couloir, emmitouflée dans une grosse serviette. Je pars
en direction de la salle de bain, aux carrelages turquoise et or. L’eau
chaude me fait du bien. Ma tignasse est domptée, je peux donc attacher un
chignon. Devant le miroir de ma coiffeuse en merisier, j’observe cette
jolie brune qui me fait des grimaces.
_ Tu parles d’une bonne étoile. Maugrée-je avec un pincement au
cœur.
Il serait plus que temps pour moi, de mettre les voiles et d’oublier
un tant soit peu, les Magnus.
J’ai une moue dégoutée, à force de passer au laser tous mes
vêtements. Certains sont vieux, la plupart je dirai, mais ça ne me fait pas
rougir pour autant. Nous n’avions pas toujours les moyens, de faire du
shopping dans un centre commercial, ou de garnir son dressing, à la
manière de fée clochette. J’enfile un pull-over marron, qui remonte de ma
dernière commémoration. Après tout, je ne suis pas la princesse Diana.
Dehors le ciel limpide est maussade, sans doute à cause de l’averse.
Je tourne lentement sur le moteur, pour ne pas réveiller mon voisinage.
_ C’est parti.
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