Page 5 - J'aime autant te hair
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Une petite tape sur le volent, suffit à booster ma dérision. Je suis fin
prête, pour ce nouveau job au cœur de Brazzaville.
Quelques amateurs de skateboard envahissent le trottoir. La
promenade qui borde l’autoroute, est prise d’assaut par des jongleurs, des
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marchands arabes et des fonctionnaires dans le 6 . La jungle urbaine quoi.
Cela étant dit, je trouve cette journée charmante. Une mère traine son fils
par le col de sa chemise, « je ne veux pas aller à l’école » lance-t-il. Je
regarde défiler ce paysage, non sans piquer un cafard toutes les cinq
secondes. Ils nous rabattent les oreilles, avec tous ces spots de pubs sur les
dangers de la circulation. J’en ai eu ma dose, pour environ mille ans.
La station radio diffuse une chanson de Timberlake. Je ne connais
pas ce titre. Néanmoins, il a le mérite de ne pas m’en dormir.
J’accompagne les paroles du chanteur, et me rend compte qu’Avenue De
Gaulle, se trouve au détour d’une rue. Je me renseigne auprès d’un piéton.
Bien généreux, ce dernier m’indique le chemin à prendre, pour la
Délégation Générale des Grands Travaux.
Enfin. Se dresse devant moi, un immeuble en verres cristallins.
J’observe ce dernier chef-d’œuvre d’Antonio Capelli, avant de prendre un
appel. Zacharie porte un costume bigarré d’Arlequin, et tient dans sa main
gauche, un minuscule parapluie noir. Il a toujours été comme ça, un
gentleman soit dit en passant.
_ Helena te voilà enfin, je commençais vraiment à m’inquiéter.
Tout le monde n’attend plus que toi. Dépêche, qu’est-ce que tu attends.
_ C’est sérieux à ce point-là ? M’enquis-je hilare. Zacharie a les
épaules voûtées, sans doute l’ai-je pris au dépourvu.
_Tu devrais me suivre, sans plus perdre de temps, sors toutes tes
affaires maintenant.
Il m’ordonne avec emphase. On aurait au moins pu échanger une
accolade. Fin bref, la politesse doit le connaitre.
_ Je n’ai pas apporté grand-chose ne t’en fais pas, mais allons plutôt
à la rencontre de ce ‘tout le monde qui n’attend plus que moi’. Dis-je avec
un air penaud.
_ De fois je me demande, qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu, pour
mériter tout ça. S’exaspère l’homme, en roulant les yeux au ciel.
_ Par où dois-je entrer ? Non ? Ok, par-là donc.
Quand les portes automatiques s’ouvrent devant nous, je remarque
un lobby cathédral, un comptoir d’enregistrement long comme pour une
banque, des canapés rangés à la manière d’un lounge d’aéroport, des
agents de sécurités oreillettes en évidence. Sur la droite du lobby, la
brasserie sert une viande rouge de l’Aubrac avec son wok de légumes et
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