Page 10 - J'aime autant te hair
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_ Vous allez faire quoi ? Dites-moi, je suis curieux de le savoir.
                             Sa voix devient soudain grave, impassible. Faisant volte-face, une
                      main dans la poche, son air sérieux fait battre mon pouls.
                             Le groupe électrogène lance automatiquement, l’ascenseur bouge à

                      nouveau dans une violente secousse, et dans l’immédiat je perds équilibre.
                      Toutefois, mais sans pour autant m’y attendre, mon corps se propulse en
                      avant et je n’ai eu le temps de crier gare, que le coup part tout seul. Je
                      viens d’administrer à mon interlocuteur, ce que Zidane aurait fait subir à
                      l’italien lors de la world cup 2006. Ce dernier vacille, mais pour éviter le
                      pire, se raccroche aux parois de l’ascenseur, avant de se remettre aussitôt

                      en selle. Aïe quelle maladroite, ce coup de tête a dû lui faire mal. En
                      même temps c’est bien fait pour lui, car d’un autre côté, je n’ai pas
                      l’intention de lui présenter mes excuses. Dans un tel cas de figure, je me
                      contenterai de le voir saigner du nez. C’est alors qu’il réajuste son
                      costume, avec autant de charisme qu’un Lucullus, mais toussotant à la

                      fois il me dévisage.
                             _ Comment vous appelez-vous mademoiselle ? S’enquit-il harasser.
                             _ Aucune importance, mais appelez-moi Helena, Helena Pô. Je
                      réponds du tic au tac, comme une idiote.
                             _ Jamais entendu parler et vous dites que vous travaillez ici, depuis
                      combien de temps êtes-vous là ?
                             _ Aujourd’hui. J’occupe le poste de secrétaire. Alors je vous

                      préviens que si vous tentiez quoique ce soit d’anormal contre moi, je peux
                      vous garantir un renvoi immédiat. Je ne rigole pas.
                             _ Vous m’en direz tant. Il parle sereinement, un mouchoir dans les
                      narines.
                             Je quitte l’ascenseur en trombe, après que les portes se soient

                      ouvertes au bout d’un moment. Je ne prends pas la peine de regarder
                      derrière moi, celui qui avance à pas feutrés, qu’on aurait dit une panthère
                      prête à bondir. Mon bureau est spacieux, ce à quoi je suis reconnaissante,
                      ne m’y attendant guère du tout à un tel confort, quoique l’hôtel est
                      luxueux. De grands meubles font offices de bibliothèque, où sont rangés
                      des livres plus ou moins fascinants, qui me tapent dans l’œil. The
                      Hobbit… Ainsi parlait Zarathoustra… Alice au pays des merveilles… et

                      Twilight pour ne citer que ceux-là. Une table console est disposée au
                      centre. Un fauteuil bergère élégant et confortable au dossier haut et à
                      l’assise large et basse, rehaussé par un cousin épais qui lui confère une
                      excellente assise, est renforcé par deux oreilles encadrant le siège et qui
                      offrent une agréable sensation d’enveloppement. L’idéal pour des sessions

                      de lecture prolongées. Ils ont vraiment pensé à tout.


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