Page 13 - J'aime autant te hair
P. 13
_ Dans ce cas je lui toucherai deux mots à celui-là, vous pouviez
disposer merci. Demandez à Stella de ranger vos affaires dans un carton,
et vous l’apportez chez vous.
Je ne sais pas pourquoi mes jambes refusent d’obtempérer, mais
une chose est sûre, pour m’en aller avec dignité, je dois remettre les
pendules à l’heure.
_ Alors là vous êtes gonflé hein. Premièrement, vous ne me
renvoyez pas, puisque je démissionne. En ce qui me concerne, vous n’êtes
qu’un prétentieux arrogant, qui croit que le monde tourne autour de son
nombril, parce que le châtelain est né avec une cuillère en or dans la
bouche. Deuxièmement, vous pouvez le garder ce job, parce que moi ça
ne m’intéresse plus. Au lieu de vous demander pourquoi les choses
tournent à la catastrophe dans votre vie, pensez plutôt à voir un
thérapeute, parce que vous avez un sérieux problème à donner des coups
de pieds dans les ascenseurs. Voici vos fameux documents (je lui jette) et
tachez de bien les signer, ou mangez-lès simplement. Bonjour et au revoir
monsieur.
Brandon ne cille même pas. Il efface aussitôt le sourire qu’il
abhorrait tantôt, et pour la première fois, je remarque ses petits yeux aux
iris marron.
_ Qu’est-ce qui vous prend à me regarder comme ça ?
Je demande en essayant de contenir la boule de rage qui me monte à
la gorge. Mon interlocuteur semble se prêter au jeu.
_ Châtelain né avec une cuillère en or dans la bouche, sérieux vous
n’avez pas trouvez mieux comme insulte ?
Je peux lire de la répulsion sur son visage. Son assurance ébranle la
mienne.
Dit comme ça, sur le coup j’ai un peu honte de moi. Nous
engageons souvent des batailles, dont l’issu de la défaite donne parfois un
sens à la cause. Je me sens toute bizarre, disant un peu perdue. Brandon se
lève, contourne son bureau. Il m’ouvre gentiment la porte, poussant un
soupir de frustration. Je serre les poings. J’ai vraiment envie de lui coller
une droite, mais Zacharie s’en chargerait sûrement, quand il apprendra
l’humiliation dont je suis victime en ce moment.
Zacharie ? Mon cœur s’arrête à l’évocation de ce souvenir. Il doit se
sentir mal à cause de moi, et voilà que je voudrais l’utiliser comme objet
de ma vengeance. Pathétique. Je n’ai pas le droit de l’impliquer dans ce
délire.
13