Page 18 - Paul THUNISSEN
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dettes des trois institutions privées (anglaises et hollandaises) avec un supplément de
5.5% d’intérêt. Ils marquèrent leur refus par référendum en mars 2010 et en février 2011.
En 2009, le Parlement Islandais adopta une loi qui permettait la révision de la constitution
conformément à ce que demandaient les manifestants de la place d’Austurvöllur. Elle
permit la création d’une assemblée tirée au sort (Forum National) qui ne devait
fonctionner qu’une journée pendant laquelle les membres émirent des propositions. Il
s’ensuivit la création d’une constituante (25 membres élus issus de la Société Civile) qui
s’inspira des dites propositions pour réaliser un nouveau texte constitutionnel sous le
contrôle et avec la participation de la population. Un projet fut remis au parlement le 27
juillet 2011, avant d’être soumis à un référendum en 2012.
Le peuple islandais sanctionne ses représentants
Ce qui n’est pas anodin, c’est que sous la pression populaire tout le gouvernement fut
contraint de démissionner. Le premier ministre Geir Haarde fut arrêté, jugé puis relaxé
pour son rôle dans la dérive néo-libérale de l’île.
Ce qui n’est pas anodin non plus, c’est que les banquiers coupables de cupidité, fraude
et escroqueries ont été démasqués et poursuivis en justice. Un procureur spécial, simple
commissaire de quartier, fut chargé de purger ce système mafieux. Il lança un mandat
international et des directeurs de banque qui se croyaient à l’abris furent démasqués et
durent renoncer à récupérer leur capital.
Le retour des beaux jours
En 2009 la croissance de l’île était catastrophique (- 6,8%) mais les islandais ne
baissèrent pas les bras. En 2010, la croissance était toujours négative (- 4%) mais en
2011 déjà elle était de retour (3,1%) et en 2015, elle était de 4,2%. Les investisseurs
islandais, confiants dans leur système politique, ont investi cette année-là 18,5% de plus
qu’en 2014, ce qui permit à l’île de retrouver pratiquement le plein emploi, puisque qu’en
janvier 2016, le taux de chômage n’était plus que de 1,9%, soit le taux de chômage
d’avant la crise de 2008.
A ma connaissance, l’Islande est le seul pays développé à avoir connu une tentative de
refonte complète de ses institutions suite à la crise globale de 2008 et de réécriture
participative de la constitution.
Jusque-là, l’Islande ne se posait pas trop de questions et fonctionnait selon le modèle
politique scandinave qui, soit dit en passant, fait pâlir d’envie le reste de l’Europe.
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