Page 22 - Paul THUNISSEN

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la Belgique réalisa une sécurité sociale

que nous enviait nos voisins. On constate aujourd’hui que, sous la pression des

conservateurs, ce joyau s’effrite.

Lorsque les Pères de l’Europe imaginèrent le futur, ils s’interrogèrent peu sur l’existence

de la démocratie au sein de l’Europe qu’ils se représentaient comme une évidence.
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Selon Renaud Dehousse « Ceux qui ont lancé le mouvement avait tous le sentiment
diffus que ce qu’ils faisaient, était appuyé par l’opinion publique. Et effectivement les
sondages confirmaient cette conviction. »

Depuis le début des années ‘70, ils eurent la conviction qu’il fallait prendre en compte

les attentes populaires en construisant une Europe sociale et on a cru qu’en procédant
à l’élection directe des députés européens qui, jusqu’alors ne siégeaient que dans une

simple assemblée consultative – donc sans pouvoir – l’Europe sociale serait une réalité.

Mais l’élection d’un parlement sans pouvoir n’avait aucun sens. D’assemblée
consultative elle devint une assemblée législative ayant les mêmes pouvoirs que les

assemblées nationales ce qui permet aujourd’hui à l’Europe d’édicter des directives et
de s’opposer à un texte législatif national. A ma connaissance, aucune structure politique

internationale ne possède un parlement élu au suffrage universel doté d’un pouvoir
décisionnel. C’est donc une grande première.

Les démocraties représentatives ne permettent pas de gérer les peuples en fonction de

leurs souhaits. C’est un fait avéré. Il est temps de redéfinir un autre système de gestion.

Cela ne sera possible que si les citoyens belges et européens sont conscients qu’il est
temps de s’investir massivement en politique. Rien, absolument rien, ne sera réformé

socialement, sans le soutien des citoyens.

A Athènes, quatre réformes se complétèrent en 170 ans (de -621 à -451), mais en -430

Athènes déclinait déjà suite à l’invasion de la cité par les spartiates qui rétablirent la
tyrannie. La démocratie, fragile, tint à peine deux cents ans.

En Belgique, il y a eu six réformes en 40 ans (de 1970 à 2011), ce qui n’a rien apporté

en termes de bien être aux belges, et la démocratie représentative – mue par des
parlementaires qui ne représentent plus personne – est sur son déclin, détrônée par une

gouvernance économique. Elle aura duré un peu plus de deux cent ans. Une forme

6 Professeur des Universités à Sciences Po Paris, il est le Fils de Jean-Maurice Dehousse (Ministre belge) et petit-
fils de Fernand Dehousse (député européen).
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