Page 122 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

guerre des clans fait rage. Les réfonnateurs contre les
conservateurs. Les caciques contre les jeunes. Et encore et
toujours, les officiers de l'ALN contre les transfuges de
l'armée française.

      Après cinq années (1979-1983) d'un premier mandat
marqué par d'inlassables efforts pour comprendre le fonc-
tionnement des rouages de l'Etat et la gestion d'un
immense pays, riche et en plein développement, Chadli
n'arrive plus à suivre. Les premiers temps, il a beaucoup
écouté. Il a essayé de jouer le rôle de décisionnaire, mais
rien n'y a fait. « Chadli n'avait ni l'étoffe d'un chef d'État,
ni les capacités intellectuelles pour diriger un pays », dit

l'un de ses anciens ministres. Il a fini par s'isoler en délé-

guant ses pouvoirs à ses proches collaborateurs et à ses
ministres. Dès le début de son second mandat, il s'est
coupé de ses ministres, du FLN dont il est le secrétaire
général, et des réalités du pays.

      Enfenné dans sa tour d'ivoire, il s'est adonné à la
cbasse, la pêche sous-marine, le tennis et à ses jeux de
société favoris : la belote et les dominos. À tout ministre
qui lui présentait un dossier compliqué, il répondait : « Tu
es responsable. Je t'ai donné les pleins pouvoirs dans ton

secteur. Prends la décision que tu juges utile. » Les clans

qui gravitent autour de lui s'en donnent à cœur joie. Ds
décident ce qu'ils veulent tout en réglant leurs comptes
entre eux.

      Ces clans se partagent les nominations des ministres,
des ambassadeurs, des walis, des directeurs d'entreprises
publiques et de tous les cadres de l'administration.

      Les deux hommes clés de cette guerre sournoise sont
Larbi Belkheir et Mouloud Harnrouche. Ils sont les plus
proches du président. L'un est son directeur de cabinet,
l'autre est secrétaire général de la présidence de la Répu-
blique. Chadli leur a délégué tous ses pouvoirs.
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