Page 126 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
P. 126
La mafia des généraux
duo Belkheir-Harnrouche, le président Chadli est confiné
à des tâches secondaires. L'un l'occupe par des voyages à
l'étranger, lui donnant l'impression qu'il fmira par acqué-
rir une stature internationale semblable à celle de feu Bou-
mediene. L'autre lui prépare des fiches détaillées sur les
mauvais secteurs de )'économie, dont les ministres sont
ciblés pour laisser la place aux poulains harnrouchiens.
Ces fiches donnent de Chadli, dans les différentes
conférences nationales ou en Conseil des ministres,
l'image d'un chef qui connaît tous les problèmes du pays
sur le bout des doigts.
En somme, les décisions du chefde l'État sont élaborées
par Belkheir et Hamrouche. Ils sont ses seuls interlocuteurs,
avec les responsables des services de sécurité, durant sa retraite
onmaise de trois mois et demi, de juin à septembre 1988.
Chadli aime se payer de longues vacances. Cette année-là, il a
acquis deux nouveaux bateaux et cassé un nombre incalculable
de voitures de grandes marques en s'adonnant à des rodéos
automobiles avec ses enfants et ses beaux-frères. C'est la belle
vie ! Persotme n'ose déranger « le roi fainéant». Même son
Premier ministre, Abdelharnid Brahimi, est hors jeu. Non seu-
lement ce denùer, s'accrochant à son fauteuil, a laissé passer
les deux remaniements ministériels de 1987 et 1988, alors qu'il
était en voyage à l'étranger, mais il n'arrive même pas à décro-
cher une audience auprès du président lorsque ce demier est en
vacances à Oran. De toute façon, il ne peut pas le joindre par
téléphone. Marginalisé, ignoré et humilié, Abdelhamid Bra-
himi n'ose pas présenter sa démission. C'est dire à quel point
les responsables algériens tiennent à leurs postes. Pas par
amour de l'Algérie, comme ils le prétendent. Juste pour le pou-
voir et les privilèges qu'il garantit.
C'est dans ce climat, marqué par l'isolement du chef
de l'État qui se pavane sur les plages de la côte oranaise,