Page 130 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

ministères situés dans les grandes artères de la ville. Des
slogans hostiles à Chadli et Cherif Messaadia sont scandés.
Des policiers sont arrêtés, désannés et malmenés par les
manifestants. Des ministres fuient par les portes de service.
Ils sont humiliés devant leurs subordonnés. Ce qui devait
être une manifestation pacifique exprimant le ras-le-bol
d'un régime corrompu tourne à l'émeute.

      À ceux qui soutiennent la thèse de la spontanéité, je
pose la question: comment peut-on soulever les popula-
tions de plusieurs villes du pays en même temps, avec les
mêmes slogans et en s'attaquant aux même cibles?

Comment expliquer le calme de la Kabylie, si prompte à

la révolte, en de pareilles circonstances? À moins que
cette région ne soit trop difficile à manipuler, et qu'« on»
ait eu peur que le mouvement, une fois lancé, ne risque
d'échapper aux mains de ses commanditaires.

      Le peuple en avait assez de ce régime dictatorial et
corrompu. Il ne lui fallait qu ' une étincelle pour s'enflam-
mer. Les conspirateurs le savaient. lis tablaient sur cette
grogne populaire pour mettre à exécution leur plan diabo-
lique, c'est-à-dire détourner la revendication populaire à
leur profit.

      Les manifestations, pour aussi spontanées qu'elles
paraissent, ont été soigneusement préparées avec des
ingrédients fournis par certains sorciers du système. Ce ne
sont pas des hypothèses ou des histoires en l'air. Ce sont
des faits réels consignés dans les rapports de situation éta-
blis par les officiers de la SM au niveau des wilayas. Ils
relatent les faits tels qu'ils se sont déroulés.

      En ce jour du 5 octobre, dans les hautes sphères du
pouvoir, les ponts sont coupés. Des ministres, livrés à eux·
mêmes, racontent qu'ils n'ont pas pu entrer en contact
avec les instances dirigeantes. La présidence de la Répu-
blique ne renvoie aucun écho aux structures qui l'infcr·
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