Page 125 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
P. 125
Octobre 1988: la grande manipulation 123
vole des pions de différentes manières. Ainsi, les conseillers
que récupère Harnrouche sont associés à ses manœuvres, et
se voient promettre des postes de ministre. Certains d'entre
eux, tout contents de travailler au siège de la présidence, le
sommet de l'État. se font un malin plaisir de frimer devant
épouse, voisins et amis. Il est nonnal qu'ils soient fidèles à
leur sponsor. À une époque, il est très à la mode de se présen-
ter comme harnrouchien. Ils sont tellement nombreux que
c'est même devenu un courant politique!
Autre exemple de récupération, celui du général Smail
Lamari. En 1989, il est lieutenanHolonel quand le général
Betchine, sur « instructions venues d'en haut », le limoge
sans raison. Ce dernier n'a pas à l'époque le poids qu'il pos-
sède aujourd' hui. Il va se plaindre au clan Belkheir. Surpris
par la rapidité d'exécution de Betchine, les décideurs lui
demandent de revenir sur sa décision en tenant compte de la
période difficile que traverse Smail, qui vient de perdre son
pére. Quelque temps plus tard, Betchine est relancé et réagit
au quart de tour. Il vajusqu'à lui coller une étiquette d'agent
des services français. On fait appel à moi pour témoigner
contre Smail Je refuse, en allant dire à Betchine qu'il n'a pas
à m'utiliser dans les querelles des chefs. Sman est soumis à
une stricte surveillance de la part des services de sécurité
(écoutes téléphoniques, filature, surveillance du domicile,
etc.). Quelques jours plus tard, il est nommé inspecteur géné-
ral de la Direction de la sécurité de l'armée, passée sous le
contrôle de Tewfik. Une année plus tard, vingt-quatre heures
après le départ à la retraite de Betchine, il est nommé directeur
du contre-espionnage au sein du nouveau Département des
renseignements et de la sécurité. Un poste qu'il continue
d'occuper à ce jour.
Les clans se jouent de tout le monde, y compris du
président de la République. Pris dans l'étau formé par le