Page 155 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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pouvoir. Si vous voulez lui parler, vous n'avez qu'à l'ap·
peler vous-même. » En donnant son numéro de téléphone,
il était loin de soupçonner que Si Tayeb El Watani (son
nom de guerre), disparu de la mémoire des Algériens après
trente-quatre ans d'exil, allait revenir au pays par la grande
porte. Mais Ali Haroun n'ose pas entrer directement en
contact avec l'exilé de Kenitra. Nacer accepte alors d'ap-
peler son père de chez Ali Haroun pour le mettre en rela-
tion avec lui.

     Dans ses Mémoires, Nezzar se trahit encore une fois
en parlant d'une réunion au cours de laquelle Boudiaf,
contacté par téléphone, avait décliné leur offre. « Le géné-
ral Tewfik insista devant les compagnons pour que l'on ne
désespérât pas de le faire changer d'avis '.)} On était le
11 janvier, jour de la déposition de Chadli.

      Qui sont-ils ces compagnons dont parle Nezzar ? Que
vient faire Tewfik dans la désignation de Boudiaf? N'est
ce pas là une preuve supplémentaire, s'il en fallait encore,
de l'existence d'ml cabinet noir?

      Effectivement, Tewflk, le spécialiste de la manipula-
tion, réussit à convaincre Boudiaf, en lui envoyant Ali
Haroun, et en le faisant venir secrètement en Algérie le
12 janvier, pour une nuit. Hassan Il parachève l'entreprise
de charme et convainc Boudiaf de prendre les commandes
de l'Algérie. Une occasion rêvée pour le souverain maro-
cain de régler le problème du Sahara occidental.

      En fin de parcours, c'est le général Smail qui ramè-
nera le vieux leader du Parti de la révolution socialiste de
son exil marocain.

     En une semaine, l'affaire est bouclée. Le 16 janvier

1992, Boudiafarrive à l'aéroport d'Alger. Il se voit tendre
un bout de papier sur lequel est écrit un discours dont il
n'a pas la moindre idée. Un avant-goût de ce que va être

        1. Les Mémoires du général Khaled Nezzar, op. ci!., p. 237.
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