Page 160 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

      Boudiaf finit par se rendre au Maroc, où il passe cinq

jours. Durant cette visite, il rencontre te roi Hassan n.

Selon des sources crédibles, le souverain marocain aurait
profité de l'occasion pour montrer à son hôte quelques

dossiers, élaborés par ses services de renseignements, en

collaboration ayec les services français et américains, sur
les chefs militaires algériens. 11 lui aurait également
indiqué, preuves à l'appui, que le général Nezzar était à la
tête d'un gros trafic d'armes. 11 utilisait un dénommé Hadj
Bettou comme homme lige pour vendre du matériel de
guerre au Polisario, alors qu'à cette époque, l'Algérie avait

cessé de fournir des annes au Front depuis plusieurs
années.

      De retour à Alger, Boudiaf se souvient du comman-
dant Mourad dont lui a parlé Kamel. 11 le charge de procé-
der à l'arrestation de Hadj Bettou.

      Ne connaissant pas le fonctionnement des services et
les impératifs d' une pareille opération, il lui demande de

le ramener « ligoté à la présidence ». (D'autres sources

indiquent que c'est Mourad qui lui avait parlé de Hadj
Bettou avant son voyage au Maroc.) Le commandant Mou-
rad avait déjà le nom de Bettou sur sa liste d'éléments
suspects depuis qu'il était en poste à Dakar. 11 mène l'opé-
ration sans difficulté, avec l'appui de la gendarmerie natio-

nale, dans l'extrême sud du pays. A peine arrêté, Hadj

Bettou est pris en charge par le général Benabbes Oheziel,
commandant de la gendarmerie. Pour camoufler l'affaire,
Bettou est traduit devant le tribunal militaire qui retient
contre lui le délit de port d'arme illégal! 11 écopera de huit
mois de prison.

      L'épisode Bettou, que certains observateurs très

proches des arcanes du pouvoir algérien, Iicnt à l 'assassi~
nat de Boudiaf. Nezzar le présente dans ses Mémoires
comme une banale affaire de « découverte d'une énonne
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