Page 161 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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quantité de produits alimentaires et autres stocks dans des
hangars appartenant à Hadj Bettou 1 ». En fm de compte,
« la marchandise entreposée appartenait à différents
commerçants de la région 2 ». Nezzar conclut qu'on n'a
trouvé que deux Kalachnikov que « Hadj Bettou avait
acquises pour assurer sa sécurité et celle de ses camions,
la région étant infestée de bandits nigériens et maliens... »
L'affaire Bettou n'est pas aussi banale que veut nous
le faire croire Nezzar. Sinon, comment expliquer sa traduc-
tion devant un tribunal militaire, alors qu'à son arrestation,
il était livré à une juridiction civile? Pourquoi le tribunal
de Tamanrasset, compétent territorialement, ne s'est-il pas
saisi de cette affaire? Comment expliquer l'assassinat,
quelques jours plus tard, du commandant Mourad, puis
celui des deux officiers qui l'assistaient?
Seule une enquête internationale sur le meurtre de
Mohammed Boudiaf pourra définitivement éclaircir cette
affaire.
Bien sûr, celle-ci n'est pas l'unique raison de l'assas-
sinat du président. Depuis son retour du Maroc, ce dernier
commence à prendre ses distances avec les généraux et les
anciennes figures du régime. Il refuse de s'afficher en leur
compagnie dans ses sorties en public. Il ne tient plus
compte de leurs « conseils », ni de leurs propositions.
Pour les généraux mafieux, la situation devient grave.
Ils ne peuvent plus le laisser agir en toute liberté. Sa liqui-
dation est inéluctable. Il n'y a pas d'autres moyen de se
débarrasser de ce président devenu, en six mois, beaucoup
trop encombrant. Les visites qu'il multiplie sur le terrain
dans différentes régions du pays sont une opportunité à
saisir.
Juste après un voyage dans l'ouest du pays, Boudiaf
1. Ln Memoires du géf/éfTll Kh4led Nezzar, op. cit., p. 265.
2. ldem.