Page 156 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

son rôle entre les mains des généraux. En vieux routier de

la politique, il plie le papier, le met dans sa poche et impro-
vise un discours simple avec la spontanéité des patriotes

sincères.

      Pourquoi Boudiaf, puisque les décideurs voulaient un
homme analphabète, inculte et apolitique? Si Tayeb El
Watani ne répond à aucun de ces critères. Mais il est
affligé d' un lourd handicap dont ils vont tirer grand profit:
sa méconnaissance de la réalité algérienne après tant d'an-
nées d'exil. Il ignore tout de la nature du pouvoir algérien.
Il ne sait pas qu'il va avoir affaire à des mafieux qui n'hé-
siteront pas à le liquider. Il est le premier à dénoncer la
mafia politico-fmancière. Mais il ne sait pas qu'il vise
ceux là mêmes qui l'ont tiré de son exil pour l'installer au
palais présidentiel. Un palais qu'il trouve vide. Il n'y avait
pas un seul papier, pas un dossier laissé par son prédé-
cesseur.

      11 s'entoure d'une équipe de conseillers qui vivaient,
eux aussi en exil, coupés des réalités algériennes. Comme
directeur de cabinet. il désigne son beau-frère, Amine
Abderrahmane, qui n'a aucune expérience dans ce
domaine. Quant aux quatre autres membres du Haut
Comtté d'État, ils ne lui seront d'aucun secours.

      Tedjini Heddam arrive de Paris et n' a plus fréquenté
les hautes sphères du pouvoir depuis son départ du gouver-
nement, dans les années 70, où il occupait le poste de
mmistre de la Santé. Après quelques années passées en
Tunisie comme ambassadeur, li a repris ses activités de
chirurgien en cardiologie à l' hôpital Mustapha d'Alger.

      Ali Kafi ne connaît pas mieux que Boudiaf le fonc-
tionnement de la présidence de la République. Même les
généraux qui l'ont amené à cette fonction, il les connaît
mal. Du temps où il était colonel de l'ALN, eux étaient
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