Page 197 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
P. 197
syndicat du crime 195
pour provoquer une mutinerie, le capitaine Chouchane fut
auditionné à la caserne de Benaknoun par le colonel Bachir
Tartag, de la Direction centrale de la Sécurité de l'armée,
qui lui proposa alors de le relâcher et de l'envoyer au
maquis pour infiltrer les groupes islamistes. Sa proposition
essuya un refus catégorique de la part des généraux
Mohammed Lamari et Tewfik en personne. Bachir, qui
ignorait tout de ce qui se tramait dans les autres structures
des services de sécurité fut étonné et déçu par ce refus. 11
ne pouvait pas savoir que les GIA ne devaient pas être
infiltrés, puisque certains d'entre eux étaient la création de
ces services. Plus tard, le général Kamel Abderrahmane
suggéra au capitaine Chouchane de monter au maquis et
d'aller seconder Djarnel Zitouni. Une suggestion rejetée
par l'officier rebelle.
En mars 1994, le colonel Bachir fut encore une fois
trés étonné, lorsque la mort de Sayah Altia, chef des GIA,
fut officiellement démentie, alors que c'étaient ses
hommes qui l'avaient abattu.
Les services secrets voulaient entretenir encore un
peu le mythe de ce chef terroriste, le temps de lui trouver
un successeur parmi leurs agents. Et c'cst ainsi qu'apparaît
Djarnel Zitouni, souvent aperçu dans l'enceinte de la
caserne Antar, un chef terroriste qui se singularise par la
revendication des attentats commis en France. C'est le
temps où le gouvernement français s'indigne de la passi-
vité des autorités algériennes devant les massacres dont
sont victimes les populations civiles en Algérie. li faut
faire taire cette voix à laquelle nos mafieux ne sont jamais
insensibles. IJs peuvent tout se permettre, mais craignent
toujours ce qui vient de France.
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le lieutenant-
colonel Mohammed Samraoui me confirme qu'une frange
des GIA est l'œuvre des services secrets algériens. D'au-