Page 199 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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plus d' une cinquantaine de jownalistes et d'intellectuels
morts, cinq cent mille exilés et vingt milliards de dollars
de dégâts, de l'aveu même du président Bouteflika. Et ce
n'est pas fini . Elle a nécessité la mobilisation de bataillons
et de brigades entières de l'armée, de bombardiers et d'hé-
licoptères de combat. Elle est totalement différente de ce
que l'on connaît de la lutte antiterroriste partout ailleurs
dans le monde. À ma connaissance, il n'a jamais été fait
appel à pareil arsenal militaire contre l'ETA, le FLNC ou
l'IRA, et on n'a jamais entendu parler d'accrochages dans
les maquis espagnols, corses ou irlandais. Le terrorisme
existait dans ces trois régions bien avant que l'Algérie ne
sombre dans la violence. Mais il n'a pas causé le dixième
des dégâts humains et matériels subis par les Algériens.
L'Algérie aurait-elle, là aussi, un terrorisme spécifi-
que ? Serait-elle le seul pays où il engendre quotidienne-
ment une moyenne de dix morts et autant de blessés?
Même au Proche-Orient, au plus fort des affrontements
entre Palestiniens et Israéliens, on atteint rarement ces
chiffres.
À quoi bon se voiler la face ? Qui veut-on tromper?
Que signifient des négociations avec l' AIS, qu'on finit par
reconnaître comme une armée organisée? Admettre l'exis-
tence d'une armée ennemie, n'est-ce pas une reconnais-
sance implicite de la guerre ?
Des usines brûlées, des écoles saccagées. des femmes
violées, des innocents égorgés ou mitraillés. Chaque jour
apporte son lot d'horreurs. Un pays frappé par un embargo
aérien, boudé par les touristes, fui par ses enfants. Que
veut-on de plus pour reconnaître que l'Algérie vit une
guerre des plus dramatiques? Une guerre unique dans les
annales de l'histoire de l'humanité.
Cette guerre n'aurait aucune raison d'exister si le clan
mafieux n'en avait pas préparé tous les ingrédients. À