Page 201 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
P. 201
syndicat du crime 199
nombre de ceux qui l'ont fait sont les victimes d'un SyS4
tème qui les a marginalisés et livrés à des monstres qui ont
fait de l'islam ce qu'il n'a jamais été. Nombreux sont ceux
qui vous diront qu'ils n'auraient jamais choisi de se couper
de leur famille et de sombrer dans une aventure sans fin,
s'ils n'y avaient été poussés par le mépris, l'injustice et
l ' arbitraire.
Pour en donner une petite idée, je citerai quelques
exemples pris à Oum El Bouaghi, une ville paisible que je
connais bien, et qui n'a jamais connu la moindre tentative
d'action terroriste durant la décennie sanglante pour avoir
été régie par la sagesse des chefs de tribus. Là-bas, on a
toujours voté sur la base des alliances tribales, que ce soit
au temps du parti unique ou du multipartisme. La lutte
« idéologique» opposait Arch (la tribu) Ouled Amara à
celle des Ouled S'id. Aux élections de mars 1990, les
Ouled S'id, s'étant alliés à l'un des plus importants clans
familiaux des Ouled Amara, celui des Ouled Sabeg, ont
remporté les élections sous l'étiquette du FIS. La prési-
dence de l'assemblée communale (la mairie) est revenue
au candidat des Ouled S'id, et celle de l'assemblée de
wilaya à celui des Ouled Sabeg.
Les élus n'ont jamais tenu compte d'une quelconque
appartenance politique. C'est ce qu'ils feront connaître à
la direction du FIS en refusant de suivre le mot d'ordre de
la grève de juin 1991. D'ailleurs, après la dissolution des
assemblées dont les élus étaient à majorité FIS, le maire
d'Oum El Bouaghi est le seul de tout le pays à avoir été
maintenu à son poste en changeant seulement de titre. Il
est devenu, comme partout ailleurs, délégué exécutif
communal. Saïd Tounsi, honnête homme s'il en est, refu-
sait de verser dans la magouille, les passe-droits et la cor-
ruption, ce qui ne plaisait guère aux membres du bureau
de sécurité de la ville. Il fut accusé de terrorisme, arrêté,