Page 205 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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quelque part, une fois achevé d'une balle. « Et demain,
dans les jownaux, on lira : encore un jownaliste assassiné
par les GIA! » plaisantent-ils. Heureusement pour lui,I'in-
tervention de ses collègues, qui l'ont vu embarqué par les
militaires et ont alerté les autorités, l'a sauvé de justesse.
Quand il nous raconte sa mésaventure, quelques jours plus
tard, il a fini par se rendre à l'évidence.
Ces faits ne sont jamais portés à la connaissance de
l'opinion publique. Tout journaliste qui émet le moindre
doute sur la participation des militaires dans les assassinats
d'hommes politiques ou de simples citoyens est accusé de
trahison et frappé des mesures les plus coercitives. Omar
Belhouchet, le directeur de la publication du quotidien El
Watan, en sait quelque chose. Pour avoir laissé planer le
doute, dans une interview accordée à une chaîne de télévi-
sion française, sur la responsabilité des militaires dans cer-
tains assassinats, il a été taxé de « traître» par le président
Zeroual. Il lui fut interdit d'assister à une réunion à
laquelle étaient conviés tous les directeurs des organes de
la presse nationale avec le chef de l' État. Il fut frappé
d'une interdiction de sortie du territoire national, et son
journal d'embargo par l'agence gouvernementale déten-
trice du monopole de la publicité du secteur public.
Pour que des policiers, des gendarmes ou des mili-
taires s'impliquent dans des assassinats, il faudrait que des
ordres leur soient donnés par leur hiérarchie. Ou qu'ils
soient, du moins, incités à le faire.
Certains s'efforceront d'éviter ce genre de situation.
D'autres, par contre, n'hésiteront pas à verser dans l'excès.
Un inspecteur de police témoigne qu'un grand nombre de
ses collègues impliqués dans des tueries ont fini dans les
services psychiatriques. Beaucoup d'éléments de ces corps
de sécurité, ne pouvant plus supporter la pression qui